Meriem Bribri
Propos recueillis par Carmen Sanchez
Qui est Meriem Bribri ?
Je suis une jeune militante et étudiante en droit de 27 ans. Depuis 2004, je travaille sur les questions liées au commerce afin de me faire un nom en tant qu'avocate.
Comment vous impliquez-vous dans l’activisme social et politique ?
En plus d’être une militante des droits de l'homme, je suis une des dirigeantes du Comité de soutien aux Martyrs et Blessés de la révolution. J'ai toujours essayé de me focaliser sur la violation des droits des citoyens par les forces de sécurité et l'usage excessif de la force par la police.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir activiste ?
Ce fut un acte spontané. En tant qu’étudiante qui avait observé de près les mouvements sociaux jusqu'au déclenchement de la révolution, je me suis soudainement engagée dans ce combat. Je n’appartenais à aucun parti politique. J'ai alors pensé et je pense encore, qu'il y avait plusieurs cas qui ont été largement marginalisés pour faire place à différents intérêts politiques. C'est ainsi que j'ai compris l’importance cruciale du militantisme. J’ai utilisé mes compétences en rédaction et les quelques outils que j’avais pour rédiger des articles, faire des photos et des campagnes vidéo pour défendre les cas de dizaines de personnes qui avaient besoin d'attention et de soutien ; et pour faire appel à l’attention des medias, prendre des risques et trouver un moyen de les sortir de leurs terribles situations.
Avez-vous dû faire face à des problèmes lors de votre activisme parce que vous êtes une femme?
Je vis dans un environnement quelque peu "fermé", une communauté conservatrice dans un quartier populaire, où il est considéré que le rôle d’une femme est de prendre soin des enfants et de rester à la maison. S’il s’avère qu’elle a un travail, elle ne devrait rien avoir d’autre. Dans de telles circonstances, toute sorte d'activisme socio-politique est souvent hors de portée des femmes. J’ai reçu de nombreux commentaires et me suis heurtée plusieurs fois à des hommes qui considèrent même une insulte qu’une femme soit admise dans le lieu de travail. Une fois, des agents de police m'ont harcelé et m'ont arrêté avec mon père, qui pouvait à peine marcher. Nous avons été battus et quand je les ai confronté, l'un des policiers a crié: «Tais-toi, la voix des femmes ne doit pas être entendu lorsque des hommes sont présents».
Quelle est actuellement la situation de la femme en Tunisie, après la révolution ?
Pour être honnête, je dirais qu’il n’y a pas une situation générale des femmes en Tunisie avant et après la révolution, parce que les hommes aussi bien que les femmes font face à l'inégalité et à la disparité sociale. Les femmes de la capitale et des villes côtières jouissent d'une plus grande liberté de mouvement et d’une « capacité » de décider pour elles-mêmes par rapport aux femmes de l'intérieur et du sud, en raison d’une meilleure situation économique et du fait qu’elles sont en contact direct avec les expatriés et la modernité.
La vérité est que la situation n'a pas beaucoup changé après la révolution en Tunisie. Les femmes de classe moyenne et supérieure jouissent toujours des mêmes libertés, mais cependant vivent dans la peur de perdre leurs acquis. Les autres vivent toujours dans les mêmes conditions qu’avant et dans certains cas je dirais même pire qu’avant en raison de la montée du fondamentalisme religieux.
La situation des femmes arabes est-elle représentée de façon juste et réaliste par les médias occidentaux ?
En bref : les médias ont ridiculisé la femme arabe en ne faisant allusion qu’à ses vêtements de façon simple au lieu de porter l’attention sur elle et les défis auxquelles elle doit faire face. L'éducation et la santé des femmes sont des sujets beaucoup plus importants. Les femmes souffrent dans les fermes et dans les usines avec de longs horaires de travail, et non à cause de la religion mais les questions liées à l'Islam restent quand même le sujet de débats passionnés lors de rassemblements.
Je ne pense pas qu'il y ait une représentation équitable des femmes dans les médias, que ce soit au niveau local ou international. Les discussions qui se forment encouragent le désintérêt du public par rapport aux questions liées aux droits de la femme ou même parviennent à pousser le spectateur à être contre elles. Ce n'est pas vraiment la religion ou le sexisme dont nous sommes les victimes. Ce ne sont que les symptômes du mal que nous souffrons si je puis dire. La racine du problème est l'absence de politiques qui garantissent l'égalité des chances et l'indépendance économique des femmes.
Propos recueillis par Carmen Sanchez
Qui est Meriem Bribri ?
Je suis une jeune militante et étudiante en droit de 27 ans. Depuis 2004, je travaille sur les questions liées au commerce afin de me faire un nom en tant qu'avocate.
Comment vous impliquez-vous dans l’activisme social et politique ?
En plus d’être une militante des droits de l'homme, je suis une des dirigeantes du Comité de soutien aux Martyrs et Blessés de la révolution. J'ai toujours essayé de me focaliser sur la violation des droits des citoyens par les forces de sécurité et l'usage excessif de la force par la police.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir activiste ?
Ce fut un acte spontané. En tant qu’étudiante qui avait observé de près les mouvements sociaux jusqu'au déclenchement de la révolution, je me suis soudainement engagée dans ce combat. Je n’appartenais à aucun parti politique. J'ai alors pensé et je pense encore, qu'il y avait plusieurs cas qui ont été largement marginalisés pour faire place à différents intérêts politiques. C'est ainsi que j'ai compris l’importance cruciale du militantisme. J’ai utilisé mes compétences en rédaction et les quelques outils que j’avais pour rédiger des articles, faire des photos et des campagnes vidéo pour défendre les cas de dizaines de personnes qui avaient besoin d'attention et de soutien ; et pour faire appel à l’attention des medias, prendre des risques et trouver un moyen de les sortir de leurs terribles situations.
Avez-vous dû faire face à des problèmes lors de votre activisme parce que vous êtes une femme?
Je vis dans un environnement quelque peu "fermé", une communauté conservatrice dans un quartier populaire, où il est considéré que le rôle d’une femme est de prendre soin des enfants et de rester à la maison. S’il s’avère qu’elle a un travail, elle ne devrait rien avoir d’autre. Dans de telles circonstances, toute sorte d'activisme socio-politique est souvent hors de portée des femmes. J’ai reçu de nombreux commentaires et me suis heurtée plusieurs fois à des hommes qui considèrent même une insulte qu’une femme soit admise dans le lieu de travail. Une fois, des agents de police m'ont harcelé et m'ont arrêté avec mon père, qui pouvait à peine marcher. Nous avons été battus et quand je les ai confronté, l'un des policiers a crié: «Tais-toi, la voix des femmes ne doit pas être entendu lorsque des hommes sont présents».
Quelle est actuellement la situation de la femme en Tunisie, après la révolution ?
Pour être honnête, je dirais qu’il n’y a pas une situation générale des femmes en Tunisie avant et après la révolution, parce que les hommes aussi bien que les femmes font face à l'inégalité et à la disparité sociale. Les femmes de la capitale et des villes côtières jouissent d'une plus grande liberté de mouvement et d’une « capacité » de décider pour elles-mêmes par rapport aux femmes de l'intérieur et du sud, en raison d’une meilleure situation économique et du fait qu’elles sont en contact direct avec les expatriés et la modernité.
La vérité est que la situation n'a pas beaucoup changé après la révolution en Tunisie. Les femmes de classe moyenne et supérieure jouissent toujours des mêmes libertés, mais cependant vivent dans la peur de perdre leurs acquis. Les autres vivent toujours dans les mêmes conditions qu’avant et dans certains cas je dirais même pire qu’avant en raison de la montée du fondamentalisme religieux.
La situation des femmes arabes est-elle représentée de façon juste et réaliste par les médias occidentaux ?
En bref : les médias ont ridiculisé la femme arabe en ne faisant allusion qu’à ses vêtements de façon simple au lieu de porter l’attention sur elle et les défis auxquelles elle doit faire face. L'éducation et la santé des femmes sont des sujets beaucoup plus importants. Les femmes souffrent dans les fermes et dans les usines avec de longs horaires de travail, et non à cause de la religion mais les questions liées à l'Islam restent quand même le sujet de débats passionnés lors de rassemblements.
Je ne pense pas qu'il y ait une représentation équitable des femmes dans les médias, que ce soit au niveau local ou international. Les discussions qui se forment encouragent le désintérêt du public par rapport aux questions liées aux droits de la femme ou même parviennent à pousser le spectateur à être contre elles. Ce n'est pas vraiment la religion ou le sexisme dont nous sommes les victimes. Ce ne sont que les symptômes du mal que nous souffrons si je puis dire. La racine du problème est l'absence de politiques qui garantissent l'égalité des chances et l'indépendance économique des femmes.