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« En politique, les femmes africaines demeurent aussi craintes que courtisées »

Editorial / Opinion Piece / Blog Post

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November 6, 2018

« En politique, les femmes africaines demeurent aussi craintes que courtisées »

Source: Le Monde

Par Anaïs Angelo,

La présidence de la République fédérale d’Ethiopie est, pour la première fois, occupée par une femme. Le 25 octobre, Sahle-Work Zewde a été nommée par le Parlement pour occuper cette fonction qui, comme beaucoup le rappellent, est avant tout honorifique puisque les pouvoirs exécutifs sont détenus par le premier ministre. Cette nomination intervient alors que le gouvernement éthiopien amorce de nombreuses réformes, en politique intérieure comme en politique internationale, et semble avoir mis un point d’honneur à la parité des genres. Deux femmes ont été nommées aux postes stratégiques de ministre de la défense et de ministre de la paix (ancien service pour le renseignement).

Au Rwanda, le gouvernement de Paul Kagamé a, lui aussi, placé la parité au cœur de ses réformes politiques et se targue aujourd’hui d’être un des pays avec le plus grand nombre de femmes au Parlement. Mais cette parité reste sujette à controverses. En 2010, le Sénégal a voté une loi sur la parité des genres à l’Assemblée nationale : elle reste toutefois encore largement inappliquée. Au Kenya, en 2017, la Cour suprême avait mandaté le Parlement pour instituer la parité aux deux tiers – comme le prévoyait la nouvelle Constitution votée en 2010 – dans un délai de 60 jours. Le délai passé, le Parlement se refuse toujours à appliquer la loi.

L’engouement ou la frilosité quant à l’ouverture politique au sexe féminin montre que les femmes, qu’elles soient élues ou électrices, demeurent aussi craintes que courtisées. Cette ambivalence n’est que trop vite oubliée par l’enthousiasme médiatique que la nomination (ou l’élection) d’une femme à un haut poste de pouvoir suscite et qui fait croire qu’il y a là un phénomène nouveau. Or la présence de femmes en politique est ancienne, mais a été occultée par un récit national forgé par une élite masculine en quête de légitimité et qui associe la politique à la virilité. Faut-il donc croire qu’une femme à un haut poste de pouvoir annonce véritablement un nouveau type de politique et de société ?

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Monde le 5 novembre 2018.

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Par Anaïs Angelo,

La présidence de la République fédérale d’Ethiopie est, pour la première fois, occupée par une femme. Le 25 octobre, Sahle-Work Zewde a été nommée par le Parlement pour occuper cette fonction qui, comme beaucoup le rappellent, est avant tout honorifique puisque les pouvoirs exécutifs sont détenus par le premier ministre. Cette nomination intervient alors que le gouvernement éthiopien amorce de nombreuses réformes, en politique intérieure comme en politique internationale, et semble avoir mis un point d’honneur à la parité des genres. Deux femmes ont été nommées aux postes stratégiques de ministre de la défense et de ministre de la paix (ancien service pour le renseignement).

Au Rwanda, le gouvernement de Paul Kagamé a, lui aussi, placé la parité au cœur de ses réformes politiques et se targue aujourd’hui d’être un des pays avec le plus grand nombre de femmes au Parlement. Mais cette parité reste sujette à controverses. En 2010, le Sénégal a voté une loi sur la parité des genres à l’Assemblée nationale : elle reste toutefois encore largement inappliquée. Au Kenya, en 2017, la Cour suprême avait mandaté le Parlement pour instituer la parité aux deux tiers – comme le prévoyait la nouvelle Constitution votée en 2010 – dans un délai de 60 jours. Le délai passé, le Parlement se refuse toujours à appliquer la loi.

L’engouement ou la frilosité quant à l’ouverture politique au sexe féminin montre que les femmes, qu’elles soient élues ou électrices, demeurent aussi craintes que courtisées. Cette ambivalence n’est que trop vite oubliée par l’enthousiasme médiatique que la nomination (ou l’élection) d’une femme à un haut poste de pouvoir suscite et qui fait croire qu’il y a là un phénomène nouveau. Or la présence de femmes en politique est ancienne, mais a été occultée par un récit national forgé par une élite masculine en quête de légitimité et qui associe la politique à la virilité. Faut-il donc croire qu’une femme à un haut poste de pouvoir annonce véritablement un nouveau type de politique et de société ?

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Monde le 5 novembre 2018.

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