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Grant Mitchell

Entretiens

Soumis par iKNOW Politics le
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March 18, 2009

Grant Mitchell

Sénateur du Canada

"Je conseillerais aux politiciens de s’entretenir avec toutes les femmes dont ils pensent qu’elles peuvent se présenter aux élections si elles sont encouragées et soutenues. Cela contribuerait à accroître le nombre de politiciennes. " - Grant Mitchell

iKNOW Politics: Vous avez été membre de l’Assemblée législative d’Alberta, dirigeant du Parti libéral dans la province d’Alberta, et aujourd’hui vous êtes sénateur. Tout au long de votre carrière politique, vous avez fait de l’égalité entre hommes et femmes une priorité. Qu’est-ce qui vous a rendu sensible à l’importance de cette question?

Je pense que l’égalité entre hommes et femmes m’est d’abord apparue comme une question de justice et d’équité. J’ai ensuite été encouragé à défendre cette cause à de nombreuses occasions, en particulier par un certain nombre de femmes de mon groupe parlementaire, qui avaient une grande expérience de ces questions. Je suis très motivé par la lutte contre les préjugés, le racisme et l’arrogance, qui défavorisent certaines personnes. J’essaie de promouvoir l’égalité des femmes dans les programmes politiques et les lois que je soutiens, et dans les discours publics que je prononce.

iKNOW Politics: Souvent, le défi consiste à convaincre les femmes qui aspirent à entrer en politique de devenir candidates. Quand vous étiez dirigeant de parti, qu’avez-vous fait pour accroître le nombre de femmes qui se présentaient aux élections?

Je pense que le dirigeant d’un parti a un rôle important à jouer en encourageant les femmes à se présenter. A plusieurs reprises, j’ai constaté qu’il suffisait de demander aux femmes de se présenter pour qu’elles décident de le faire. Le fait d’être appelées personnellement par le dirigeant du parti montre aux femmes qu’elles sont prises au sérieux, et qu’elles sont soutenues au plus haut niveau. Quand j’étais dirigeant de parti, j’ai demandé à mes partisans de désigner les principales actrices de la société civile et les principales militantes de partis, même si elles n’étaient pas membres de mon parti, puis j’ai passé chaque jour quelques heures à m’entretenir personnellement avec elles au téléphone pour leur demander de se présenter à un siège. Je l’ai fait, parce que j’étais convaincu que la politique a besoin des meilleurs, et que cela ne peut se faire si on se limite à tout juste plus de la moitié d’entre eux.

J’ai constaté que ces femmes étaient souvent contentes qu’on leur demande de se présenter, mais disaient souvent qu’elles ne se voyaient pas elles-mêmes être élues, ou qu’elles préféraient jouer un rôle d’appui. J’ai toutefois persisté, et aux élections de 1997, le parti que je dirigeais a élu près de 40% de femmes (il n’y en avait que 18% aux élections précédentes). J’y suis parvenue en insistant sans relâche auprès des femmes pour qu’elles se présentent et en les encourageant dans ce sens. Je leur ai montré que j’avais confiance en elles, j’ai manifesté clairement cette confiance, et je les ai soutenues autant que j’ai pu dans leur circonscription. Je me suis toujours efforcé d’encourager et de préparer les femmes énergiques de mon entourage à assumer des rôles de direction, et je suis heureux que trois candidats sur les quatre qui m’ont remplacé quand j’ai quitté mes fonctions aient été des femmes, notamment la candidate qui a remporté le poste.

iKNOW Politics: De quelle manière pensez-vous que les hommes puissent promouvoir l’égalité?

Quand j’ai été nommé au Sénat pour la première fois, je n’ai jamais manqué d’assister aux réunions du groupe de femmes parlementaires, et je continue à soulever et examiner fréquemment les questions relatives à l’égalité des sexes. Je pense que ces questions concernent non seulement les femmes, mais les hommes. Il est clair que l’égalité passera notamment par le changement du comportement des hommes. Je pense que la présentation de ces questions peut être renforcée, dans une certaine mesure, si les hommes comme les femmes s’expriment à leur sujet.

Par exemple, lors de la comparution du ministre des Finances pour défendre le budget de son gouvernement devant le Comité sénatorial des finances, j’ai demandé si l’on procédait, dans l’élaboration du budget, à une analyse des effets différenciés que peuvent avoir certaines politiques fiscales sur les hommes et les femmes. Au Canada, les ministères ne tiennent pas encore suffisamment compte des besoins des hommes et des femmes et n’intègrent pas encore suffisamment les questions liées aux spécificités des sexes dans la législation. J’ai également fait campagne en faveur de la création d’un poste de Commissaire responsable des questions d’égalité des sexes. Ce poste créerait une tribune qui permettrait de soulever des questions importantes telles que l’égalité des salaires, la violence à l’égard des femmes, etc., et de sensibiliser les citoyens à ces questions. Beaucoup de ces problèmes se manifestent de manière très subtile, et doivent être analysés et expliqués au public. Je pense que les hommes et les femmes qui exercent des fonctions publiques assument à égalité la responsabilité de soulever et d’examiner ces questions.

iKNOW Politics: à votre avis, quels sont les plus grands obstacles ou défis auxquels sont confrontées les femmes qui se présentent aux élections au Canada? Que peuvent faire les hommes pour contribuer à les surmonter?

D’après mon expérience et mes observations, je pense que la collecte de fonds et l’accès à des circonscriptions offrant des chances de victoire sont les deux obstacles majeurs pour les femmes qui entrent en politique. Ces deux difficultés sont liées aux compétences en matière de constitution de réseaux et aux occasions qui se présentent dans ce domaine. Cependant, je dois avouer que le fait d’établir des contacts n’était pas mon fort. Je me suis contenté de frapper aux portes et de faire campagne autant que j’ai pu. Je pense que les réseaux, qu’ils soient en ligne ou personnels, sont une des clés du succès en politique. Il faut passer beaucoup de temps à se familiariser avec les membres de sa circonscription, et nouer des relations de confiance avec ceux que l’on espère représenter.

Quand j’ai fait du porte à porte, je prenais note de ce que les gens me disaient. Par exemple, un des électeurs était préoccupé par les soins de santé, car sa mère avait besoin d’être opérée de la hanche. J’ai pris note de ce fait, et quand je me suis rendue à nouveau chez cette personne, je lui ai demandé comment allait sa mère. Ce genre de capacité à nouer des relations humaines contribue largement au succès en politique. C’est une forme de charisme qui vient souvent naturellement aux femmes. Je ne pense pas que les femmes doivent modifier leur façon d’être quand elles entrent en politique. Certaines des politiciennes les plus brillantes que je connais doivent leur succès au fait d’être restées elles-mêmes et d’avoir introduit un nouveau genre de politique participative. Pourtant, souvent, les compétences humaines, l’aptitude à diriger et l’investissement personnel ne sont pas suffisants. Dans mon parti, des quotas sont en place pour les déléguées aux conventions du parti, dans le cadre desquelles nous élisons notre dirigeant, nos membres exécutifs, et votons sur les orientations du parti. A toute convention, au moins 50% des participants doivent être des femmes. En outre, il y a des quotas de jeunes, de personnes aborigènes, et de personnes âgées.

Je suis très fière d’avoir pu, tout au long de ma carrière politique, m’appuyer sur le soutien de femmes aborigènes, de représentantes de différentes communautés culturelles et de jeunes femmes énergiques, dont beaucoup venaient juste d’entrer en politique quand elles ont fait campagne pour moi. J’ai le sentiment qu’il est important d’encourager ces femmes à sortir de leur rôle d’accompagnement pour assumer des rôles dirigeants au sein du parti. A mon avis, un dirigeant doit veiller à encourager les femmes à se présenter dans de bonnes circonscriptions et à leur adjoindre des organisateurs de campagnes compétents et énergiques qui peuvent les aider à gagner. En outre, le fait d’être conseillé est important pour les hommes comme pour les femmes, et peut les aider directement. J’ai également mis au défi les femmes qui disaient qu’elles ne souhaitaient que travailler en coulisse, et je me suis employé à leur donner davantage confiance en elles.

iKNOW Politics: Pourriez-vous nous préciser où en est la participation politique des femmes au Canada, au sein des partis politiques, au parlement et dans l’exécutif?

Trop peu de femmes sont élues et nommées au Sénat. Dans la dernière série de 18 désignations, il n’y a eu que 5 femmes, et toutes ont été reléguées à l’arrière-ban. Lorsque le Premier ministre Steven Harper a rencontré le Président Barack Obama, une seule femme a assisté à la réunion, alors que plusieurs autres ministres femmes avaient des portefeuilles pertinents. On trouve également peu de femmes aux postes exécutifs du gouvernement conservateur. En outre, le gouvernement actuel a aboli le Programme de contestation judiciaire du Canada, qui permettait aux femmes de contester la législation au titre des sections relatives à l’égalité des sexes de la Charte canadienne des droits et libertés.

Le gouvernement a également fermé 12 des 16 bureaux régionaux de Condition féminine Canada. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement conservateur actuel refuse maintenant de financer les organisations féminines qui mènent des activités de défense des droits des femmes. En attendant, bien que plus de femmes se portent candidates au parlement, seulement 22% de ceux qui sont élus sont des femmes. La plupart des dirigeants de parti se sont engagés à accroître le nombre de candidates dans leur parti, et l’on constate des progrès dans ce domaine, mais ils restent trop lents.

iKNOW Politics: D’après votre expérience, quelles sont les meilleures stratégies pour associer les hommes à la promotion de l’égalité des sexes, notamment en termes de participation politique?

J’estime primordial que le chef de parti multiplie les encouragements en ce sens. Je crois que nous devons comprendre que toute suggestion selon laquelle les femmes pensent différemment est, à nouveau, le produit d’un préjugé inné. Les hommes pensent différemment d’autres hommes. La détermination, le dévouement et la loyauté face à l’adversité sont les principes de tout engagement rigoureux, et je n’ai jamais constaté que c’étaient là des qualités exclusivement masculines. En outre, je demande toujours de mettre fin à toutes les plaisanteries et conversations sexistes en public. Je pense que les hommes comme les femmes doivent critiquer ouvertement ce type de plaisanteries quand ils en sont témoins. Je crois qu’il faut aussi contredire toute personne qui mettrait ce genre de sensibilité sur le compte des féministes, car ces plaisanteries nous concernent tous. Je crois qu’il serait aussi utile de nommer un homme pour traiter les affaires d’égalité entre les sexes, et s’assurer qu’il comprenne les enjeux et qu’il les traite de manière appropriée.

iKNOW Politics: Si vous deviez faire une recommandation, quels conseils donneriez-vous aux membre d’iKNOW Politics, notamment aux candidates, pour leur carrière politique?

Elles doivent se souvenir que rien n’est jamais facile en politique. Personne ne vous fera de cadeaux. C’est une bataille permanente. Il ne faut pas céder au stéréotype selon lequel les femmes sont moins disposées à se battre ou à entrer en confrontation. Si l’on observe ce qui se passe quand deux ou trois femmes se présentent les unes contre les autres, on constate que les débats ne perdent rien de leur intensité. Il faut travailler plus que les autres (frapper à davantage de portes) pour gagner.

Il est possible que les femmes soient défavorisées et se heurtent à davantage de difficultés, mais il faut absolument qu’elles en fassent abstraction. Le parcours des hommes est lui aussi semé d’embûches, bien que celles-ci soient peut-être moins pénibles à surmonter. Il faut toujours déployer d’énormes efforts pour gagner sur la scène politique, et accepter cette réalité lorsqu’on y est confronté. Il est normal qu’il en soit ainsi, car les enjeux sont élevés lorsqu’une personne veut contribuer à la gouvernance d’un pays et voir se concrétiser les valeurs qui lui sont chères. Je conseillerais aux politiciens de s’entretenir avec toutes les femmes dont ils pensent qu’elles peuvent se présenter aux élections si elles sont encouragées et soutenues. Cela contribuerait à accroître le nombre de politiciennes.

Date de l'entretien
Région
Sénateur du Canada

"Je conseillerais aux politiciens de s’entretenir avec toutes les femmes dont ils pensent qu’elles peuvent se présenter aux élections si elles sont encouragées et soutenues. Cela contribuerait à accroître le nombre de politiciennes. " - Grant Mitchell

iKNOW Politics: Vous avez été membre de l’Assemblée législative d’Alberta, dirigeant du Parti libéral dans la province d’Alberta, et aujourd’hui vous êtes sénateur. Tout au long de votre carrière politique, vous avez fait de l’égalité entre hommes et femmes une priorité. Qu’est-ce qui vous a rendu sensible à l’importance de cette question?

Je pense que l’égalité entre hommes et femmes m’est d’abord apparue comme une question de justice et d’équité. J’ai ensuite été encouragé à défendre cette cause à de nombreuses occasions, en particulier par un certain nombre de femmes de mon groupe parlementaire, qui avaient une grande expérience de ces questions. Je suis très motivé par la lutte contre les préjugés, le racisme et l’arrogance, qui défavorisent certaines personnes. J’essaie de promouvoir l’égalité des femmes dans les programmes politiques et les lois que je soutiens, et dans les discours publics que je prononce.

iKNOW Politics: Souvent, le défi consiste à convaincre les femmes qui aspirent à entrer en politique de devenir candidates. Quand vous étiez dirigeant de parti, qu’avez-vous fait pour accroître le nombre de femmes qui se présentaient aux élections?

Je pense que le dirigeant d’un parti a un rôle important à jouer en encourageant les femmes à se présenter. A plusieurs reprises, j’ai constaté qu’il suffisait de demander aux femmes de se présenter pour qu’elles décident de le faire. Le fait d’être appelées personnellement par le dirigeant du parti montre aux femmes qu’elles sont prises au sérieux, et qu’elles sont soutenues au plus haut niveau. Quand j’étais dirigeant de parti, j’ai demandé à mes partisans de désigner les principales actrices de la société civile et les principales militantes de partis, même si elles n’étaient pas membres de mon parti, puis j’ai passé chaque jour quelques heures à m’entretenir personnellement avec elles au téléphone pour leur demander de se présenter à un siège. Je l’ai fait, parce que j’étais convaincu que la politique a besoin des meilleurs, et que cela ne peut se faire si on se limite à tout juste plus de la moitié d’entre eux.

J’ai constaté que ces femmes étaient souvent contentes qu’on leur demande de se présenter, mais disaient souvent qu’elles ne se voyaient pas elles-mêmes être élues, ou qu’elles préféraient jouer un rôle d’appui. J’ai toutefois persisté, et aux élections de 1997, le parti que je dirigeais a élu près de 40% de femmes (il n’y en avait que 18% aux élections précédentes). J’y suis parvenue en insistant sans relâche auprès des femmes pour qu’elles se présentent et en les encourageant dans ce sens. Je leur ai montré que j’avais confiance en elles, j’ai manifesté clairement cette confiance, et je les ai soutenues autant que j’ai pu dans leur circonscription. Je me suis toujours efforcé d’encourager et de préparer les femmes énergiques de mon entourage à assumer des rôles de direction, et je suis heureux que trois candidats sur les quatre qui m’ont remplacé quand j’ai quitté mes fonctions aient été des femmes, notamment la candidate qui a remporté le poste.

iKNOW Politics: De quelle manière pensez-vous que les hommes puissent promouvoir l’égalité?

Quand j’ai été nommé au Sénat pour la première fois, je n’ai jamais manqué d’assister aux réunions du groupe de femmes parlementaires, et je continue à soulever et examiner fréquemment les questions relatives à l’égalité des sexes. Je pense que ces questions concernent non seulement les femmes, mais les hommes. Il est clair que l’égalité passera notamment par le changement du comportement des hommes. Je pense que la présentation de ces questions peut être renforcée, dans une certaine mesure, si les hommes comme les femmes s’expriment à leur sujet.

Par exemple, lors de la comparution du ministre des Finances pour défendre le budget de son gouvernement devant le Comité sénatorial des finances, j’ai demandé si l’on procédait, dans l’élaboration du budget, à une analyse des effets différenciés que peuvent avoir certaines politiques fiscales sur les hommes et les femmes. Au Canada, les ministères ne tiennent pas encore suffisamment compte des besoins des hommes et des femmes et n’intègrent pas encore suffisamment les questions liées aux spécificités des sexes dans la législation. J’ai également fait campagne en faveur de la création d’un poste de Commissaire responsable des questions d’égalité des sexes. Ce poste créerait une tribune qui permettrait de soulever des questions importantes telles que l’égalité des salaires, la violence à l’égard des femmes, etc., et de sensibiliser les citoyens à ces questions. Beaucoup de ces problèmes se manifestent de manière très subtile, et doivent être analysés et expliqués au public. Je pense que les hommes et les femmes qui exercent des fonctions publiques assument à égalité la responsabilité de soulever et d’examiner ces questions.

iKNOW Politics: à votre avis, quels sont les plus grands obstacles ou défis auxquels sont confrontées les femmes qui se présentent aux élections au Canada? Que peuvent faire les hommes pour contribuer à les surmonter?

D’après mon expérience et mes observations, je pense que la collecte de fonds et l’accès à des circonscriptions offrant des chances de victoire sont les deux obstacles majeurs pour les femmes qui entrent en politique. Ces deux difficultés sont liées aux compétences en matière de constitution de réseaux et aux occasions qui se présentent dans ce domaine. Cependant, je dois avouer que le fait d’établir des contacts n’était pas mon fort. Je me suis contenté de frapper aux portes et de faire campagne autant que j’ai pu. Je pense que les réseaux, qu’ils soient en ligne ou personnels, sont une des clés du succès en politique. Il faut passer beaucoup de temps à se familiariser avec les membres de sa circonscription, et nouer des relations de confiance avec ceux que l’on espère représenter.

Quand j’ai fait du porte à porte, je prenais note de ce que les gens me disaient. Par exemple, un des électeurs était préoccupé par les soins de santé, car sa mère avait besoin d’être opérée de la hanche. J’ai pris note de ce fait, et quand je me suis rendue à nouveau chez cette personne, je lui ai demandé comment allait sa mère. Ce genre de capacité à nouer des relations humaines contribue largement au succès en politique. C’est une forme de charisme qui vient souvent naturellement aux femmes. Je ne pense pas que les femmes doivent modifier leur façon d’être quand elles entrent en politique. Certaines des politiciennes les plus brillantes que je connais doivent leur succès au fait d’être restées elles-mêmes et d’avoir introduit un nouveau genre de politique participative. Pourtant, souvent, les compétences humaines, l’aptitude à diriger et l’investissement personnel ne sont pas suffisants. Dans mon parti, des quotas sont en place pour les déléguées aux conventions du parti, dans le cadre desquelles nous élisons notre dirigeant, nos membres exécutifs, et votons sur les orientations du parti. A toute convention, au moins 50% des participants doivent être des femmes. En outre, il y a des quotas de jeunes, de personnes aborigènes, et de personnes âgées.

Je suis très fière d’avoir pu, tout au long de ma carrière politique, m’appuyer sur le soutien de femmes aborigènes, de représentantes de différentes communautés culturelles et de jeunes femmes énergiques, dont beaucoup venaient juste d’entrer en politique quand elles ont fait campagne pour moi. J’ai le sentiment qu’il est important d’encourager ces femmes à sortir de leur rôle d’accompagnement pour assumer des rôles dirigeants au sein du parti. A mon avis, un dirigeant doit veiller à encourager les femmes à se présenter dans de bonnes circonscriptions et à leur adjoindre des organisateurs de campagnes compétents et énergiques qui peuvent les aider à gagner. En outre, le fait d’être conseillé est important pour les hommes comme pour les femmes, et peut les aider directement. J’ai également mis au défi les femmes qui disaient qu’elles ne souhaitaient que travailler en coulisse, et je me suis employé à leur donner davantage confiance en elles.

iKNOW Politics: Pourriez-vous nous préciser où en est la participation politique des femmes au Canada, au sein des partis politiques, au parlement et dans l’exécutif?

Trop peu de femmes sont élues et nommées au Sénat. Dans la dernière série de 18 désignations, il n’y a eu que 5 femmes, et toutes ont été reléguées à l’arrière-ban. Lorsque le Premier ministre Steven Harper a rencontré le Président Barack Obama, une seule femme a assisté à la réunion, alors que plusieurs autres ministres femmes avaient des portefeuilles pertinents. On trouve également peu de femmes aux postes exécutifs du gouvernement conservateur. En outre, le gouvernement actuel a aboli le Programme de contestation judiciaire du Canada, qui permettait aux femmes de contester la législation au titre des sections relatives à l’égalité des sexes de la Charte canadienne des droits et libertés.

Le gouvernement a également fermé 12 des 16 bureaux régionaux de Condition féminine Canada. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement conservateur actuel refuse maintenant de financer les organisations féminines qui mènent des activités de défense des droits des femmes. En attendant, bien que plus de femmes se portent candidates au parlement, seulement 22% de ceux qui sont élus sont des femmes. La plupart des dirigeants de parti se sont engagés à accroître le nombre de candidates dans leur parti, et l’on constate des progrès dans ce domaine, mais ils restent trop lents.

iKNOW Politics: D’après votre expérience, quelles sont les meilleures stratégies pour associer les hommes à la promotion de l’égalité des sexes, notamment en termes de participation politique?

J’estime primordial que le chef de parti multiplie les encouragements en ce sens. Je crois que nous devons comprendre que toute suggestion selon laquelle les femmes pensent différemment est, à nouveau, le produit d’un préjugé inné. Les hommes pensent différemment d’autres hommes. La détermination, le dévouement et la loyauté face à l’adversité sont les principes de tout engagement rigoureux, et je n’ai jamais constaté que c’étaient là des qualités exclusivement masculines. En outre, je demande toujours de mettre fin à toutes les plaisanteries et conversations sexistes en public. Je pense que les hommes comme les femmes doivent critiquer ouvertement ce type de plaisanteries quand ils en sont témoins. Je crois qu’il faut aussi contredire toute personne qui mettrait ce genre de sensibilité sur le compte des féministes, car ces plaisanteries nous concernent tous. Je crois qu’il serait aussi utile de nommer un homme pour traiter les affaires d’égalité entre les sexes, et s’assurer qu’il comprenne les enjeux et qu’il les traite de manière appropriée.

iKNOW Politics: Si vous deviez faire une recommandation, quels conseils donneriez-vous aux membre d’iKNOW Politics, notamment aux candidates, pour leur carrière politique?

Elles doivent se souvenir que rien n’est jamais facile en politique. Personne ne vous fera de cadeaux. C’est une bataille permanente. Il ne faut pas céder au stéréotype selon lequel les femmes sont moins disposées à se battre ou à entrer en confrontation. Si l’on observe ce qui se passe quand deux ou trois femmes se présentent les unes contre les autres, on constate que les débats ne perdent rien de leur intensité. Il faut travailler plus que les autres (frapper à davantage de portes) pour gagner.

Il est possible que les femmes soient défavorisées et se heurtent à davantage de difficultés, mais il faut absolument qu’elles en fassent abstraction. Le parcours des hommes est lui aussi semé d’embûches, bien que celles-ci soient peut-être moins pénibles à surmonter. Il faut toujours déployer d’énormes efforts pour gagner sur la scène politique, et accepter cette réalité lorsqu’on y est confronté. Il est normal qu’il en soit ainsi, car les enjeux sont élevés lorsqu’une personne veut contribuer à la gouvernance d’un pays et voir se concrétiser les valeurs qui lui sont chères. Je conseillerais aux politiciens de s’entretenir avec toutes les femmes dont ils pensent qu’elles peuvent se présenter aux élections si elles sont encouragées et soutenues. Cela contribuerait à accroître le nombre de politiciennes.

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