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Moggie Mbaakanyi

Entretiens

Soumis par iKNOW Politics le
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June 10, 2009

Moggie Mbaakanyi

Députée au Parlement du Botswana

« Lorsqu'une femme occupe un poste de direction, elle devient une mère de la nation et tout le monde viendra la voir pour une raison ou une autre. Au terme d'une journée de travail, les hommes déconnectent, tandis que les femmes ne le font jamais. » - Moggie Mbaakanyi

iKNOW Politics: Vous êtes actuellement députée au Botswana, mais vous occupez depuis des années différentes fonctions politiques. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées en tant que femme dans l'exercice de ces responsabilités?

Pour une femme, il est difficile de se présenter aux élections, ne serait-ce que parce que la politique coûte cher. Il faut des avoir des moyens et pour une femme, ce n'est pas facile de collecter des fonds, car les gens pensent encore que les responsabilités les plus hautes sont réservées aux hommes. A cela s'ajoute cette croyance culturelle qui veut que seuls les hommes sont aptes à diriger. Alors, quand une femme demande de l'aide, même de l'aide financière, les gens sont bien plus réticents que si la demande venait d'un homme. Le troisième défi est la multiplicité des rôles joués par les femmes. Une femme est tout à la fois mère, épouse, infirmière et assistante sociale.

En d'autres termes, après avoir fait campagne, la femme doit encore s'occuper de sa famille lorsqu'elle rentre à la maison. Le matin, elle doit s'occuper de son mari, elle doit préparer les repas pour tout le monde et toutes ces tâches pèsent sur la campagne que mène une femme. Quand une femme se présente contre un homme, celui-ci ne s'occupe que de sa campagne. Voilà les défis qu'une femme doit relever. Le plus dur est ce préjugé culturel qui veut que les femmes ne sont pas faites pour diriger, que seuls les hommes en sont capables et ce, quel que soit le niveau d'instruction. Les électeurs auront tendance à voter pour l'homme, même s'il est moins instruit que vous. Les femmes doivent donc consentir bien plus d'efforts qu'elles ne le feraient si elles étaient des hommes.

iKNOW Politics: Votre formation de femme d'affaires et d'enseignante vous a-t-elle préparée à faire de la politique?

Les hommes et femmes d'affaires sont amenés à rencontrer beaucoup de monde pour que leur entreprise trouve sa place sur le marché. Les compétences commerciales que j'utilisais pour mener mes affaires sont celles que j'utilise en politique. Ensuite, les associations et les personnes que je rencontrais en tant que femme d'affaires sont celles à qui je m'adresse pour obtenir des fonds, ce sont les mêmes à qui je demande de me soutenir. Je leur demande même qu'ils recommandent à leurs travailleurs de me soutenir aussi, c'est dire si ma condition de femme d'affaires est un avantage. L'autre atout dont je dispose est mon expérience d'enseignante. J'ai passé près de vingt ans dans l'enseignement, en tant que professeure dans le secondaire et que formatrice d'enseignants. C'est très utile parce que les gens me connaissent quand je vais chez eux: j'étais la prof de leur mère, de leur fille, de quelqu'un qu'ils connaissent, cela m'a beaucoup aidée.

iKNOW Politics: Qu'est-ce qui vous a incitée à présenter votre candidature dans un premier temps au conseil municipal, puis, après ce passage au conseil municipal, à briguer un mandat de député?

Je suis persuadée qu'il faut aider les gens et l'action d'un conseiller municipal consiste précisément à aider ses voisins. Je pensais pouvoir faire encore plus en tant que conseillère municipale parce que l'éducation chrétienne de ma grand-mère m'a inculqué la conviction que la vraie foi s'exprime dans l'aide qu'on apporte à son prochain. C'est ce que j'ai fait au conseil municipal et j'ai trouvé cela très motivant. Mais au bout du compte, j'ai eu le sentiment que mes qualifications et mon expérience ne pouvaient exprimer tout leur potentiel à l'échelon local, qui est trop modeste. J'ai donc pensé qu'une candidature au parlement serait un défi d'une autre envergure.

iKNOW Politics: Quelle est, à l'heure actuelle, la situation des femmes parlementaires au Botswana? Les choses vont-elles mieux ou moins bien?

Malheureusement, le nombre de femmes parlementaires est en baisse. Ceci s'explique notamment par le fait qu'au Parlement, tous les coups sont permis, ce qui rebute la plupart des femmes. Les artifices que les hommes utilisent pour gagner les élections ne sont pas les moyens que les femmes utilisent volontiers, alors la plupart d'entre elles ne se lancent pas en politique. Ensuite, j'ai déjà évoqué les problèmes que rencontrent les femmes et il arrive que, même si les femmes sont majoritaires parmi les membres d'un parti politique au Botswana, on voterait plutôt pour un homme que pour une femme, ce qui décourage de nombreuses femmes de présenter leur candidature aux élections ou à un poste à responsabilités.

iKNOW Politics: A votre avis, que devraient savoir les femmes qui présentent leur candidature à des fonctions publiques et quelles recommandations feriez-vous à des femmes se présentant à des élections avec peu de moyens, financiers ou autres?

Les femmes doivent rester fidèles à leurs principes et axer leur campagne sur des questions de fond. Les hommes ne mènent pas campagne sur des questions de fond, mais nous disons toujours aux femmes que nous devons parler de thèmes concrets qui concernent les citoyens: la pauvreté, l'éducation, le viol, la violence contre les femmes, voilà les questions qui touchent les gens au quotidien. Ensuite, en ce qui concerne la collecte de fonds, les femmes doivent commencer par l'échelon local, se tourner vers la communauté, les gens qu'elles connaissent déjà, voir qui peut les aider financièrement avant de continuer. Il existe des associations communautaires qui peuvent aider les femmes dans la collecte de fonds. Par ailleurs, l'une des manières de réduire les frais est de s'entourer de personnes qui acceptent de travailler en tant que bénévoles, sans demander de rémunération pour leurs services.

iKNOW Politics: Pendant votre mandat de Ministre adjoint de l'Education, avez-vous pris une mesure politique ayant durablement amélioré la condition de la femme?

Comme vous le savez, l'éducation est gratuite au Botswana du primaire à l'université et le gouvernement du Botswana octroie de nombreuses bourses à des jeunes qui étudient à l'étranger. Au cours de mon mandat, nous avons mis en place un système permettant à des instituts d'enseignement privés d'ouvrir au Botswana et les étudiants de ces instituts reçoivent une bourse du gouvernement. Ainsi, l'argent qui était auparavant envoyé à l'étranger est désormais utilisé chez nous. Nous avons également complété le cursus d'entrepreneuriat et lancé un programme appelé "Introduction au monde des affaires" pour que les jeunes diplômés sachent comment fonctionne le monde de l'entreprise. Comme vous le savez, ce sont surtout les femmes qui travaillent dans le secteur informel et les jeunes iront sans doute aider leurs parents lorsqu'ils seront diplômés, d'ailleurs ils le font déjà alors qu'ils sont encore à l'école. Après les cours, ils aident leur mère dans le secteur informel. Je suis très fière de ces mesures.

iKNOW Politics: De quelle façon exercez-vous vos responsabilités? Votre style de direction a-t-il évolué avec l'expérience?

Je pense qu'il a changé parce qu'en politique on est plus en contact avec les gens, des gens de classes et de niveaux différents, il faut donc utiliser des styles différents. Lorsque j'enseigne, je vais bien entendu porter mon attention sur mes élèves et sur les enseignants qui dépendent de moi, mais en politique, on adapte son style aux personnes que l'on rencontre ou aux situations que l'on vit.

iKNOW Politics: Vous étiez l'une des cinq femmes ministres au gouvernement. Est-il important, à votre avis, que des femmes occupent des fonctions ministérielles et à hautes responsabilités? A vote avis, de quelle façon les femmes peuvent-elles marquer ces fonctions de leur empreinte?

Il est important que les femmes occupent des postes à responsabilités, qu'il s'agisse de fonctions ministérielles ou de cabinet ministériel, car elles servent de modèle pour les jeunes femmes, lesquelles seront ainsi encouragées à suivre leur exemple. Ensuite, la présence de femmes à des postes à responsabilités est une preuve de démocratie puisque la démocratie implique le partage du pouvoir entre hommes et femmes. On ne peut parler de démocratie lorsqu'une partie de la population gouverne seule. Enfin, les femmes sont meilleures dirigeantes parce qu'elles prennent la famille comme point de départ. La femme gère le ménage et, de ce fait, elle acquiert des compétences de gestion qu'elle utilise ensuite lorsqu'elle exerce des responsabilités.

Je pense donc qu'une femme dirigeante aura sur les dossiers un regard que les hommes n'auront pas. Lorsqu'une femme occupe un poste de direction, elle devient une mère de la nation et tout le monde viendra la voir pour une raison ou une autre. Au terme d'une journée de travail, les hommes déconnectent, tandis que les femmes ne le font jamais. Même en tant que ministre, lorsque je rentre à la maison, des familles vont venir me voir, il y aura des parents, des enfants, des étudiants, des paroissiens, voilà la multiplicité des rôles joués par les femmes. Mais les fonctions à responsabilités ont également des côtés positifs.

iKNOW Politics: Est-ce que le soutien d'autres femmes vous a aidé dans votre carrière politique?

Les autres femmes m'ont apporté une aide précieuse car ce sont surtout elles qui m'ont soutenue. Ce sont elles qui vont proposer de m'aider dans mes fonctions. Lorsque je suis en campagne, ce sont elles qui composent mes équipes de campagne et celles qui ne le peuvent pas trouveront quand même le moyen de donner un coup de main. Quand on aide d'autres femmes, on aide aussi leur famille. Au Botswana, beaucoup de femmes sont chef de famille, d'ailleurs les familles dans cette situation sont majoritaires, par conséquent quand on travaille avec les femmes, on travaille avec toute la nation. A mon avis, il faudrait que l'appui donné aux femmes comporte aussi une formation à la collecte de fonds, à la façon de trouver des ressources, car bien souvent les femmes ne peuvent briguer des mandats par manque de moyens. Il serait très utile qu'elles aient accès à une formation en ce sens. J'en profite d'ailleurs pour remercier les organismes comme le vôtre pour le soutien qu'ils accordent aux femmes.

iKNOW Politics: Si vous aviez un conseil à donner aux femmes qui se lancent en politique, quel serait-il?

Je leur conseillerais de vivre chaque jour comme si c'était le dernier de leur vie. En d'autres termes, ne remettez pas à demain ce qui peut être fait aujourd'hui, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Et quand vous êtes dans une situation difficile, restez positive et confiante, la solution viendra.

 

 

Date de l'entretien
Région
Députée au Parlement du Botswana

« Lorsqu'une femme occupe un poste de direction, elle devient une mère de la nation et tout le monde viendra la voir pour une raison ou une autre. Au terme d'une journée de travail, les hommes déconnectent, tandis que les femmes ne le font jamais. » - Moggie Mbaakanyi

iKNOW Politics: Vous êtes actuellement députée au Botswana, mais vous occupez depuis des années différentes fonctions politiques. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées en tant que femme dans l'exercice de ces responsabilités?

Pour une femme, il est difficile de se présenter aux élections, ne serait-ce que parce que la politique coûte cher. Il faut des avoir des moyens et pour une femme, ce n'est pas facile de collecter des fonds, car les gens pensent encore que les responsabilités les plus hautes sont réservées aux hommes. A cela s'ajoute cette croyance culturelle qui veut que seuls les hommes sont aptes à diriger. Alors, quand une femme demande de l'aide, même de l'aide financière, les gens sont bien plus réticents que si la demande venait d'un homme. Le troisième défi est la multiplicité des rôles joués par les femmes. Une femme est tout à la fois mère, épouse, infirmière et assistante sociale.

En d'autres termes, après avoir fait campagne, la femme doit encore s'occuper de sa famille lorsqu'elle rentre à la maison. Le matin, elle doit s'occuper de son mari, elle doit préparer les repas pour tout le monde et toutes ces tâches pèsent sur la campagne que mène une femme. Quand une femme se présente contre un homme, celui-ci ne s'occupe que de sa campagne. Voilà les défis qu'une femme doit relever. Le plus dur est ce préjugé culturel qui veut que les femmes ne sont pas faites pour diriger, que seuls les hommes en sont capables et ce, quel que soit le niveau d'instruction. Les électeurs auront tendance à voter pour l'homme, même s'il est moins instruit que vous. Les femmes doivent donc consentir bien plus d'efforts qu'elles ne le feraient si elles étaient des hommes.

iKNOW Politics: Votre formation de femme d'affaires et d'enseignante vous a-t-elle préparée à faire de la politique?

Les hommes et femmes d'affaires sont amenés à rencontrer beaucoup de monde pour que leur entreprise trouve sa place sur le marché. Les compétences commerciales que j'utilisais pour mener mes affaires sont celles que j'utilise en politique. Ensuite, les associations et les personnes que je rencontrais en tant que femme d'affaires sont celles à qui je m'adresse pour obtenir des fonds, ce sont les mêmes à qui je demande de me soutenir. Je leur demande même qu'ils recommandent à leurs travailleurs de me soutenir aussi, c'est dire si ma condition de femme d'affaires est un avantage. L'autre atout dont je dispose est mon expérience d'enseignante. J'ai passé près de vingt ans dans l'enseignement, en tant que professeure dans le secondaire et que formatrice d'enseignants. C'est très utile parce que les gens me connaissent quand je vais chez eux: j'étais la prof de leur mère, de leur fille, de quelqu'un qu'ils connaissent, cela m'a beaucoup aidée.

iKNOW Politics: Qu'est-ce qui vous a incitée à présenter votre candidature dans un premier temps au conseil municipal, puis, après ce passage au conseil municipal, à briguer un mandat de député?

Je suis persuadée qu'il faut aider les gens et l'action d'un conseiller municipal consiste précisément à aider ses voisins. Je pensais pouvoir faire encore plus en tant que conseillère municipale parce que l'éducation chrétienne de ma grand-mère m'a inculqué la conviction que la vraie foi s'exprime dans l'aide qu'on apporte à son prochain. C'est ce que j'ai fait au conseil municipal et j'ai trouvé cela très motivant. Mais au bout du compte, j'ai eu le sentiment que mes qualifications et mon expérience ne pouvaient exprimer tout leur potentiel à l'échelon local, qui est trop modeste. J'ai donc pensé qu'une candidature au parlement serait un défi d'une autre envergure.

iKNOW Politics: Quelle est, à l'heure actuelle, la situation des femmes parlementaires au Botswana? Les choses vont-elles mieux ou moins bien?

Malheureusement, le nombre de femmes parlementaires est en baisse. Ceci s'explique notamment par le fait qu'au Parlement, tous les coups sont permis, ce qui rebute la plupart des femmes. Les artifices que les hommes utilisent pour gagner les élections ne sont pas les moyens que les femmes utilisent volontiers, alors la plupart d'entre elles ne se lancent pas en politique. Ensuite, j'ai déjà évoqué les problèmes que rencontrent les femmes et il arrive que, même si les femmes sont majoritaires parmi les membres d'un parti politique au Botswana, on voterait plutôt pour un homme que pour une femme, ce qui décourage de nombreuses femmes de présenter leur candidature aux élections ou à un poste à responsabilités.

iKNOW Politics: A votre avis, que devraient savoir les femmes qui présentent leur candidature à des fonctions publiques et quelles recommandations feriez-vous à des femmes se présentant à des élections avec peu de moyens, financiers ou autres?

Les femmes doivent rester fidèles à leurs principes et axer leur campagne sur des questions de fond. Les hommes ne mènent pas campagne sur des questions de fond, mais nous disons toujours aux femmes que nous devons parler de thèmes concrets qui concernent les citoyens: la pauvreté, l'éducation, le viol, la violence contre les femmes, voilà les questions qui touchent les gens au quotidien. Ensuite, en ce qui concerne la collecte de fonds, les femmes doivent commencer par l'échelon local, se tourner vers la communauté, les gens qu'elles connaissent déjà, voir qui peut les aider financièrement avant de continuer. Il existe des associations communautaires qui peuvent aider les femmes dans la collecte de fonds. Par ailleurs, l'une des manières de réduire les frais est de s'entourer de personnes qui acceptent de travailler en tant que bénévoles, sans demander de rémunération pour leurs services.

iKNOW Politics: Pendant votre mandat de Ministre adjoint de l'Education, avez-vous pris une mesure politique ayant durablement amélioré la condition de la femme?

Comme vous le savez, l'éducation est gratuite au Botswana du primaire à l'université et le gouvernement du Botswana octroie de nombreuses bourses à des jeunes qui étudient à l'étranger. Au cours de mon mandat, nous avons mis en place un système permettant à des instituts d'enseignement privés d'ouvrir au Botswana et les étudiants de ces instituts reçoivent une bourse du gouvernement. Ainsi, l'argent qui était auparavant envoyé à l'étranger est désormais utilisé chez nous. Nous avons également complété le cursus d'entrepreneuriat et lancé un programme appelé "Introduction au monde des affaires" pour que les jeunes diplômés sachent comment fonctionne le monde de l'entreprise. Comme vous le savez, ce sont surtout les femmes qui travaillent dans le secteur informel et les jeunes iront sans doute aider leurs parents lorsqu'ils seront diplômés, d'ailleurs ils le font déjà alors qu'ils sont encore à l'école. Après les cours, ils aident leur mère dans le secteur informel. Je suis très fière de ces mesures.

iKNOW Politics: De quelle façon exercez-vous vos responsabilités? Votre style de direction a-t-il évolué avec l'expérience?

Je pense qu'il a changé parce qu'en politique on est plus en contact avec les gens, des gens de classes et de niveaux différents, il faut donc utiliser des styles différents. Lorsque j'enseigne, je vais bien entendu porter mon attention sur mes élèves et sur les enseignants qui dépendent de moi, mais en politique, on adapte son style aux personnes que l'on rencontre ou aux situations que l'on vit.

iKNOW Politics: Vous étiez l'une des cinq femmes ministres au gouvernement. Est-il important, à votre avis, que des femmes occupent des fonctions ministérielles et à hautes responsabilités? A vote avis, de quelle façon les femmes peuvent-elles marquer ces fonctions de leur empreinte?

Il est important que les femmes occupent des postes à responsabilités, qu'il s'agisse de fonctions ministérielles ou de cabinet ministériel, car elles servent de modèle pour les jeunes femmes, lesquelles seront ainsi encouragées à suivre leur exemple. Ensuite, la présence de femmes à des postes à responsabilités est une preuve de démocratie puisque la démocratie implique le partage du pouvoir entre hommes et femmes. On ne peut parler de démocratie lorsqu'une partie de la population gouverne seule. Enfin, les femmes sont meilleures dirigeantes parce qu'elles prennent la famille comme point de départ. La femme gère le ménage et, de ce fait, elle acquiert des compétences de gestion qu'elle utilise ensuite lorsqu'elle exerce des responsabilités.

Je pense donc qu'une femme dirigeante aura sur les dossiers un regard que les hommes n'auront pas. Lorsqu'une femme occupe un poste de direction, elle devient une mère de la nation et tout le monde viendra la voir pour une raison ou une autre. Au terme d'une journée de travail, les hommes déconnectent, tandis que les femmes ne le font jamais. Même en tant que ministre, lorsque je rentre à la maison, des familles vont venir me voir, il y aura des parents, des enfants, des étudiants, des paroissiens, voilà la multiplicité des rôles joués par les femmes. Mais les fonctions à responsabilités ont également des côtés positifs.

iKNOW Politics: Est-ce que le soutien d'autres femmes vous a aidé dans votre carrière politique?

Les autres femmes m'ont apporté une aide précieuse car ce sont surtout elles qui m'ont soutenue. Ce sont elles qui vont proposer de m'aider dans mes fonctions. Lorsque je suis en campagne, ce sont elles qui composent mes équipes de campagne et celles qui ne le peuvent pas trouveront quand même le moyen de donner un coup de main. Quand on aide d'autres femmes, on aide aussi leur famille. Au Botswana, beaucoup de femmes sont chef de famille, d'ailleurs les familles dans cette situation sont majoritaires, par conséquent quand on travaille avec les femmes, on travaille avec toute la nation. A mon avis, il faudrait que l'appui donné aux femmes comporte aussi une formation à la collecte de fonds, à la façon de trouver des ressources, car bien souvent les femmes ne peuvent briguer des mandats par manque de moyens. Il serait très utile qu'elles aient accès à une formation en ce sens. J'en profite d'ailleurs pour remercier les organismes comme le vôtre pour le soutien qu'ils accordent aux femmes.

iKNOW Politics: Si vous aviez un conseil à donner aux femmes qui se lancent en politique, quel serait-il?

Je leur conseillerais de vivre chaque jour comme si c'était le dernier de leur vie. En d'autres termes, ne remettez pas à demain ce qui peut être fait aujourd'hui, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Et quand vous êtes dans une situation difficile, restez positive et confiante, la solution viendra.

 

 

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