Violet Sampa Bredt
"Je crois que les femmes sont des femmes, où qu’elles se trouvent, et que si certaines en Europe, en Amérique ou en Australie ont avancé dans certains domaines, nous devons être prêtes à entrer en contact avec elles pour pouvoir échanger des informations et nous manifester notre solidarité. C’est ainsi que je conçois le fonctionnement de ce réseau de femmes. " - Violet Sampa Bredt
iKNOW Politics: Quand vous êtes entrée en politique, vous veniez d’un domaine un peu différent, l’Eglise. Vous avez été la première femme africaine ordonnée de l’Eglise unie d’Afrique et ensuite, vous êtes entrée en politique. Vous êtes aujourd’hui parlementaire et vice-présidente du groupe des femmes. Pouvez-vous nous dire en quoi votre passage par l’Eglise vous a aidée comme parlementaire ?
Je dois dire que ce fut très intéressant de venir d’un milieu ecclésiastique. J’ai été la première femme pasteur à être ordonnée à l’Eglise unie d’Afrique et la première femme à être ordonnée tout court en Afrique. C’était un vrai défi de briguer le ministère dans l’Eglise parce qu’à cette époque, être acceptée à l’ordination quand on était une jeune femme, c’était une chose inouïe. J’ai rencontré pas mal de difficultés mais je les ai surmontées et j’ai servi fidèlement mon Eglise à différents niveaux pendant cinq ans. J’ai atteint le degré le plus élevé qu’on puisse imaginer dans l’Eglise car j’ai été aux commandes du Conseil œcuménique des Eglises pendant sept ans et sous-secrétaire du Conseil des Eglises de Zambie pendant dix ans. Après avoir démissionné de mes fonctions dans l’Eglise, j’ai pensé rentrer à la maison, me reposer et m’occuper de ma famille car, à cette époque, je n’étais pas souvent à la maison et mes enfants ne me voyaient pas beaucoup. Mais j’ai réfléchi : « les garçons ont grandi. Qu’est-ce que je ferais à la maison ? » Les gens de ma communauté, tant à l’Eglise que dans la société, me demandaient de revenir à la vie active. En politique, suggéraient-ils, ou dans l’Eglise comme volontaire. Je faisais déjà du bénévolat.
iKNOW Politics: Qu’est-ce qui vous a incitée à entrer en politique ?
Dans ma localité, je me suis aperçue que je pouvais effectivement entrer en politique et faire certaines choses. C’est ainsi que mon intérêt pour la politique s’est éveillé, mais je ne savais pas exactement à quel parti me rallier. J’ai beaucoup réfléchi et, en observant ce qui se passait en Zambie, je me suis rendu compte que l’un des partis politiques – le Front patriotique – et son programme me plaisaient beaucoup. Il parlait de questions sociales et voulait un changement pour les pauvres de Zambie. Je me suis dit : « c’est plus ou moins le travail que je faisais à l’Eglise, je pourrais peut-être essayer de l’aborder cette fois d’un point de vue politique ». C’est ainsi que je suis entrée en politique et c’était très intéressant. La difficulté, c’était de gagner une élection. Comment fallait-il s’y prendre pour convaincre les électeurs ? J’avais très peu d’expérience en la matière. Plusieurs hommes se présentaient dans la circonscription à laquelle j’avais été assignée et, heureusement, c’est moi qui ai obtenu le plus grand nombre de voix.
Je me suis retrouvée au parlement fin 2006. C’est comme cela que je suis entrée en politique. Et c’est extrêmement intéressant d’être parlementaire : on apprend une foule de choses. A la différence de l’Eglise où j’étais axée sur la vie de l’Eglise et où mon action ne pouvait toucher ou transformer que ma communauté, au parlement, on traite des questions les plus diverses qui se posent dans d’autres régions du pays et on les aborde sous des angles différents. On sait ainsi ce qui se passe dans toute la Zambie et au-delà et cela me plaît beaucoup. Mais en tant que femme au parlement, je suis parfois très perplexe. Je suis les débats : ce sont les affaires courantes pour mes collègues; pour moi, ces débats sont loin des gens, que l’on peut toucher, sentir. C’est un peu débattre sans être proches des gens au nom desquels on débat. C’est parfois la difficulté avec la vie parlementaire.
Mais je suis avec d’autres femmes parlementaires zambiennes, qui viennent de zones rurales et d’agglomérations urbaines et nous essayons de peser dans la balance parce que nous sommes des mères de famille. Comment aborder les problèmes de nos enfants et de nos sœurs d’un point de vue législatif ? Bien sûr, le fait d’être en minorité soulève souvent des problèmes. Mais nous nous faisons entendre. C’est un processus de longue haleine : nous savons très bien que nous avons affaire à un parlement très patriarcal où les hommes dominent. Parfois, quand des questions d’égalité des sexes se posent, les hommes ont tendance à ne pas les prendre au sérieux mais mon travail me plaît et j’espère changer un peu les choses, en particulier pour les femmes de ma circonscription, les femmes jeunes, les mères qui se débattent avec les difficultés et l’ensemble de la population.
iKNOW Politics: Comment définiriez-vous votre style de leadership? Est-ce qu’il a changé depuis que vous êtes parlementaire ?
Il est sans doute trop tôt pour dire que j’ai beaucoup changé. Je suis toujours la même Violet, celle qui veut faire participer les gens à tout ce qu’elle fait. Je ne me vois pas vraiment comme leader, mais plutôt comme facilitatrice. Ce n’est peut-être pas apprécié de nombreuses personnes qui veulent me voir jouer le rôle de leader mais, dans tout ce que je fais, je veux entraîner les gens avec moi et les résultats obtenus ne sont pas faciles à discerner. Cependant, je suis prête à acquérir de nouveaux savoir-faire dont les hommes et femmes politiques ont besoin. Je pense que ma démarche est encore à bien des égards celle que j’avais à l’Eglise.
iKNOW Politics: Vous êtes vice-présidente du groupe des femmes. Pensez-vous que le fait d’avoir ce groupe et des femmes autour de vous qui vous soutiennent vous aide dans votre carrière politique ?
C’est inestimable. Le groupe des femmes en particulier a une présidente qui a une très grande expérience. L’exemple de ces femmes, qui ont été au parlement avant moi et qui ont été utiles, qui veulent entraîner les nouvelles avec elles, m’inspire toujours et je pense que c’est d’elles que j’apprends le plus – surtout de celles qui sont positives et qui veulent changer les choses. Qui sont entrées en politique avec un autre désir que celui d’être comme les hommes, comme moi qui suis entrée au ministère de l’Eglise non pas pour me fondre dans le clergé mais pour être une femme pasteur et comprendre l’Eglise comme femme et non comme homme. J’apprends beaucoup au contact des femmes du groupe qui essaient de faire évoluer le parlement.
iKNOW Politics: Quels conseils donneriez-vous à une femme qui envisagerait de mener une action politique ?
Celui de ne jamais abandonner, d’être forte et concentrée. Savoir vraiment ce que l’on veut faire dans la vie parce que, souvent, nous les femmes, nous avons tendance à nous décourager. J’inciterais vivement toutes les femmes qui veulent s’aventurer en politique à être très fortes, sincères, franches et crédibles. Il faut que nous nous distinguions des hommes politiques.
iKNOW Politics: Pensez-vous qu’un réseau mondial en ligne comme iKNOW Politics puisse apporter beaucoup aux femmes ?
Je pense que c’est aussi un avantage parce que le fait de savoir ce que font d’autres femmes sur d’autres continents vous ouvre l’esprit. Je crois que les femmes sont des femmes, où qu’elles se trouvent, et que si certaines en Europe, en Amérique ou en Australie ont avancé dans certains domaines, nous devons être prêtes à entrer en contact avec elles pour pouvoir échanger des informations et nous manifester notre solidarité. C’est ainsi que je conçois le fonctionnement de ce réseau de femmes.
"Je crois que les femmes sont des femmes, où qu’elles se trouvent, et que si certaines en Europe, en Amérique ou en Australie ont avancé dans certains domaines, nous devons être prêtes à entrer en contact avec elles pour pouvoir échanger des informations et nous manifester notre solidarité. C’est ainsi que je conçois le fonctionnement de ce réseau de femmes. " - Violet Sampa Bredt
iKNOW Politics: Quand vous êtes entrée en politique, vous veniez d’un domaine un peu différent, l’Eglise. Vous avez été la première femme africaine ordonnée de l’Eglise unie d’Afrique et ensuite, vous êtes entrée en politique. Vous êtes aujourd’hui parlementaire et vice-présidente du groupe des femmes. Pouvez-vous nous dire en quoi votre passage par l’Eglise vous a aidée comme parlementaire ?
Je dois dire que ce fut très intéressant de venir d’un milieu ecclésiastique. J’ai été la première femme pasteur à être ordonnée à l’Eglise unie d’Afrique et la première femme à être ordonnée tout court en Afrique. C’était un vrai défi de briguer le ministère dans l’Eglise parce qu’à cette époque, être acceptée à l’ordination quand on était une jeune femme, c’était une chose inouïe. J’ai rencontré pas mal de difficultés mais je les ai surmontées et j’ai servi fidèlement mon Eglise à différents niveaux pendant cinq ans. J’ai atteint le degré le plus élevé qu’on puisse imaginer dans l’Eglise car j’ai été aux commandes du Conseil œcuménique des Eglises pendant sept ans et sous-secrétaire du Conseil des Eglises de Zambie pendant dix ans. Après avoir démissionné de mes fonctions dans l’Eglise, j’ai pensé rentrer à la maison, me reposer et m’occuper de ma famille car, à cette époque, je n’étais pas souvent à la maison et mes enfants ne me voyaient pas beaucoup. Mais j’ai réfléchi : « les garçons ont grandi. Qu’est-ce que je ferais à la maison ? » Les gens de ma communauté, tant à l’Eglise que dans la société, me demandaient de revenir à la vie active. En politique, suggéraient-ils, ou dans l’Eglise comme volontaire. Je faisais déjà du bénévolat.
iKNOW Politics: Qu’est-ce qui vous a incitée à entrer en politique ?
Dans ma localité, je me suis aperçue que je pouvais effectivement entrer en politique et faire certaines choses. C’est ainsi que mon intérêt pour la politique s’est éveillé, mais je ne savais pas exactement à quel parti me rallier. J’ai beaucoup réfléchi et, en observant ce qui se passait en Zambie, je me suis rendu compte que l’un des partis politiques – le Front patriotique – et son programme me plaisaient beaucoup. Il parlait de questions sociales et voulait un changement pour les pauvres de Zambie. Je me suis dit : « c’est plus ou moins le travail que je faisais à l’Eglise, je pourrais peut-être essayer de l’aborder cette fois d’un point de vue politique ». C’est ainsi que je suis entrée en politique et c’était très intéressant. La difficulté, c’était de gagner une élection. Comment fallait-il s’y prendre pour convaincre les électeurs ? J’avais très peu d’expérience en la matière. Plusieurs hommes se présentaient dans la circonscription à laquelle j’avais été assignée et, heureusement, c’est moi qui ai obtenu le plus grand nombre de voix.
Je me suis retrouvée au parlement fin 2006. C’est comme cela que je suis entrée en politique. Et c’est extrêmement intéressant d’être parlementaire : on apprend une foule de choses. A la différence de l’Eglise où j’étais axée sur la vie de l’Eglise et où mon action ne pouvait toucher ou transformer que ma communauté, au parlement, on traite des questions les plus diverses qui se posent dans d’autres régions du pays et on les aborde sous des angles différents. On sait ainsi ce qui se passe dans toute la Zambie et au-delà et cela me plaît beaucoup. Mais en tant que femme au parlement, je suis parfois très perplexe. Je suis les débats : ce sont les affaires courantes pour mes collègues; pour moi, ces débats sont loin des gens, que l’on peut toucher, sentir. C’est un peu débattre sans être proches des gens au nom desquels on débat. C’est parfois la difficulté avec la vie parlementaire.
Mais je suis avec d’autres femmes parlementaires zambiennes, qui viennent de zones rurales et d’agglomérations urbaines et nous essayons de peser dans la balance parce que nous sommes des mères de famille. Comment aborder les problèmes de nos enfants et de nos sœurs d’un point de vue législatif ? Bien sûr, le fait d’être en minorité soulève souvent des problèmes. Mais nous nous faisons entendre. C’est un processus de longue haleine : nous savons très bien que nous avons affaire à un parlement très patriarcal où les hommes dominent. Parfois, quand des questions d’égalité des sexes se posent, les hommes ont tendance à ne pas les prendre au sérieux mais mon travail me plaît et j’espère changer un peu les choses, en particulier pour les femmes de ma circonscription, les femmes jeunes, les mères qui se débattent avec les difficultés et l’ensemble de la population.
iKNOW Politics: Comment définiriez-vous votre style de leadership? Est-ce qu’il a changé depuis que vous êtes parlementaire ?
Il est sans doute trop tôt pour dire que j’ai beaucoup changé. Je suis toujours la même Violet, celle qui veut faire participer les gens à tout ce qu’elle fait. Je ne me vois pas vraiment comme leader, mais plutôt comme facilitatrice. Ce n’est peut-être pas apprécié de nombreuses personnes qui veulent me voir jouer le rôle de leader mais, dans tout ce que je fais, je veux entraîner les gens avec moi et les résultats obtenus ne sont pas faciles à discerner. Cependant, je suis prête à acquérir de nouveaux savoir-faire dont les hommes et femmes politiques ont besoin. Je pense que ma démarche est encore à bien des égards celle que j’avais à l’Eglise.
iKNOW Politics: Vous êtes vice-présidente du groupe des femmes. Pensez-vous que le fait d’avoir ce groupe et des femmes autour de vous qui vous soutiennent vous aide dans votre carrière politique ?
C’est inestimable. Le groupe des femmes en particulier a une présidente qui a une très grande expérience. L’exemple de ces femmes, qui ont été au parlement avant moi et qui ont été utiles, qui veulent entraîner les nouvelles avec elles, m’inspire toujours et je pense que c’est d’elles que j’apprends le plus – surtout de celles qui sont positives et qui veulent changer les choses. Qui sont entrées en politique avec un autre désir que celui d’être comme les hommes, comme moi qui suis entrée au ministère de l’Eglise non pas pour me fondre dans le clergé mais pour être une femme pasteur et comprendre l’Eglise comme femme et non comme homme. J’apprends beaucoup au contact des femmes du groupe qui essaient de faire évoluer le parlement.
iKNOW Politics: Quels conseils donneriez-vous à une femme qui envisagerait de mener une action politique ?
Celui de ne jamais abandonner, d’être forte et concentrée. Savoir vraiment ce que l’on veut faire dans la vie parce que, souvent, nous les femmes, nous avons tendance à nous décourager. J’inciterais vivement toutes les femmes qui veulent s’aventurer en politique à être très fortes, sincères, franches et crédibles. Il faut que nous nous distinguions des hommes politiques.
iKNOW Politics: Pensez-vous qu’un réseau mondial en ligne comme iKNOW Politics puisse apporter beaucoup aux femmes ?
Je pense que c’est aussi un avantage parce que le fait de savoir ce que font d’autres femmes sur d’autres continents vous ouvre l’esprit. Je crois que les femmes sont des femmes, où qu’elles se trouvent, et que si certaines en Europe, en Amérique ou en Australie ont avancé dans certains domaines, nous devons être prêtes à entrer en contact avec elles pour pouvoir échanger des informations et nous manifester notre solidarité. C’est ainsi que je conçois le fonctionnement de ce réseau de femmes.