Marguerite Lusamba
"J’ai été enlevé, torturé, on m’a injecté des produits. J’ai reçu deux balles dans la jambe et une balle dans la tête. J’ai failli perdre la vie à cause de mon engagement politique. Cette expérience n’a en rien entamé ma détermination. Aujourd’hui je suis candidate pour les législatives de 2011." - Marguerite Lusamba
iKNOW Politics: Bonjour Honorable Lusamba, on vous surnomme Thatcher, d’où vous vient ce surnom? Parlez-nous un peu de votre parcours.
Merci beaucoup pour cet entretien, je suis une femme politique, mon engagement est né le jour où Lumumba a été tué. C’était notre héros et il avait été injustement tué ! Il était Premier Ministre et il a été assassiné. Ca m’a beaucoup révolté et depuis j’ai nourri cette envie de conquérir le pouvoir pour faire avancer les choses. C’est cet événement qui m’a précipité dans la politique. A l’université déjà j’étais très active dans les associations estudiantines.
Lorsque le multipartisme est arrivé au Congo, j’ai saisi l’occasion pour créer le Rassemblement des Démocrates Conciliants RADECO. C’est le premier parti créé par une femme en RDC. Je ne l’ai pas créé pour faire figuration, non ! J’ai créé ce parti comme instrument de conquête du pouvoir. Je voulais me battre avec les hommes pour que les femmes accèdent à la table de prise de décision. Et c’est alors que ma détermination a porté ses fruits. Progressivement j’étais invité à de nombreuses discussions pour que la paix revienne. A cette époque, le pays était ravagé par la guerre. A Sun city, nous nous sommes battues pour que la guerre prenne fin.
En 2006 à la veille des élections, j’ai posé ma candidature pour briguer la magistrature suprême toujours avec cette envie de départ de conquérir le pouvoir pour faire changer les choses et ouvrir la voie à d’autres femmes. La caution était de cinquante mille dollars (américain) ce qui est énorme. Malgré les réticences de ma famille, j'ai vendu ma parcelle à un prix inférieur à sa valeur pour payer ma caution. En plus d’avoir « bradé » ma parcelle, j’étais insulté, traité de tous les noms : prostituée, femme légère, mauvaise mère, mauvaise épouse. Cela n’a pas suffi, j'ai été enlevé, torturé, on m’a injecté des produits. J’ai reçu deux balles dans la jambe et une balle dans la tête. J’ai failli perdre la vie à cause de mon engagement politique. Cette expérience n’a en rien entamé ma détermination. Aujourd’hui je suis candidate pour les législatives de 2011. J’ai dû me retirer de la course à la présidence car mon parti fait partie d’une alliance de l’opposition qui a désigné un candidat consensuel. Mais en 2016, je me représenterai aux présidentielles. Il n’ya pas le respect de la femme en politique. La femme en politique est une femme aux mœurs légères, non organisée dans son foyer.
iKNOW Politics: Est-ce que cette perception de la femme en politique se traduit dans la promotion des droits de la femme en RDC?
Nous nous organisons au parti pour faire des séminaires tous les trois mois pour l'éveil des femmes, pour les encourager à faire de la politique. Nous sommes soutenues par différents partenaires internationaux. Nous faisons notre possible pour sensibiliser l’opinion sur les droits de la femme.
iKNOW Politics: Quels sont les défis auxquels les femmes en RDC sont-elles confrontées?
Les élections ici sont dominées par la violence, je vous ai déjà raconté tout ce que j’ai subi pour avoir uniquement posé ma candidature. Ce climat de violence dans notre politique repousse les femmes, elles ne sont pas violentes, ce sont les hommes qui utilisent la force physique pour nous intimider.
Vous constatez le nombre de femme dans la salle, aujourd’hui pour assister au lancement d’iKNOW Politics, nous ne pouvons pas reculer, malgré tout ce que les hommes font contre nous. Nous demandons aux femmes d’avoir le courage, le courage pour qu’on atteigne nos objectifs. Mon expérience révolte beaucoup de femmes, mais je leur dis « Mme Thatcher n'est pas morte et même si cela arrivait la lutte doit continuer ». Il faut plus de solidarité entre les femmes.
iKNOW Politics: En parlant de solidarité, avez-vous bénéficiez du soutien des femmes en 2006?
L’ennemi de la femme est la femme. Elles ne m'ont pas beaucoup soutenu seule une partie m'a aidé. Les femmes comprennent de mieux en mieux que les hommes nous maltraitent, ils ne nous considèrent pas, les femmes doivent soutenir celles qui défendent leurs intérêts.
iKNOW Politics: Que pensez-vous des nouvelles technologies et d’iKNOW Politics ?
iKNOW Politics est une bonne initiative, depuis 2008 je suis membre de ce réseau. En « chattant » sur internet, j'ai pu échanger avec Madeleine Albright. Les femmes apprennent et comprennent l'expérience d’autres femmes. Les femmes en RDC ont la soif d’apprendre pour développer leur pays.
iKNOW Politics: Quel conseil aimeriez-vous donner aux jeunes femmes qui s’engagent en politique?
Les jeunes ne doivent pas se décourager, ils sont l’avenir. J’ai toujours pris les jeunes femmes sous mes ails pour les former. Il ne faut pas qu’elles se découragent, elles doivent aller de l'avant. Le mariage et la vie d’épouse n'empêchent pas la vie politique. Il faut bien gérer son foyer, moi je suis grand-mère, j’ai des grands enfants et c'est mon mari qui m'encourage. Il finance même mes voyages pour participer à des formations. Que les jeunes femmes ne se découragent pas, elles doivent rester fermes dans leur engagement politique en préservant une bonne entente dans leur foyer.
"J’ai été enlevé, torturé, on m’a injecté des produits. J’ai reçu deux balles dans la jambe et une balle dans la tête. J’ai failli perdre la vie à cause de mon engagement politique. Cette expérience n’a en rien entamé ma détermination. Aujourd’hui je suis candidate pour les législatives de 2011." - Marguerite Lusamba
iKNOW Politics: Bonjour Honorable Lusamba, on vous surnomme Thatcher, d’où vous vient ce surnom? Parlez-nous un peu de votre parcours.
Merci beaucoup pour cet entretien, je suis une femme politique, mon engagement est né le jour où Lumumba a été tué. C’était notre héros et il avait été injustement tué ! Il était Premier Ministre et il a été assassiné. Ca m’a beaucoup révolté et depuis j’ai nourri cette envie de conquérir le pouvoir pour faire avancer les choses. C’est cet événement qui m’a précipité dans la politique. A l’université déjà j’étais très active dans les associations estudiantines.
Lorsque le multipartisme est arrivé au Congo, j’ai saisi l’occasion pour créer le Rassemblement des Démocrates Conciliants RADECO. C’est le premier parti créé par une femme en RDC. Je ne l’ai pas créé pour faire figuration, non ! J’ai créé ce parti comme instrument de conquête du pouvoir. Je voulais me battre avec les hommes pour que les femmes accèdent à la table de prise de décision. Et c’est alors que ma détermination a porté ses fruits. Progressivement j’étais invité à de nombreuses discussions pour que la paix revienne. A cette époque, le pays était ravagé par la guerre. A Sun city, nous nous sommes battues pour que la guerre prenne fin.
En 2006 à la veille des élections, j’ai posé ma candidature pour briguer la magistrature suprême toujours avec cette envie de départ de conquérir le pouvoir pour faire changer les choses et ouvrir la voie à d’autres femmes. La caution était de cinquante mille dollars (américain) ce qui est énorme. Malgré les réticences de ma famille, j'ai vendu ma parcelle à un prix inférieur à sa valeur pour payer ma caution. En plus d’avoir « bradé » ma parcelle, j’étais insulté, traité de tous les noms : prostituée, femme légère, mauvaise mère, mauvaise épouse. Cela n’a pas suffi, j'ai été enlevé, torturé, on m’a injecté des produits. J’ai reçu deux balles dans la jambe et une balle dans la tête. J’ai failli perdre la vie à cause de mon engagement politique. Cette expérience n’a en rien entamé ma détermination. Aujourd’hui je suis candidate pour les législatives de 2011. J’ai dû me retirer de la course à la présidence car mon parti fait partie d’une alliance de l’opposition qui a désigné un candidat consensuel. Mais en 2016, je me représenterai aux présidentielles. Il n’ya pas le respect de la femme en politique. La femme en politique est une femme aux mœurs légères, non organisée dans son foyer.
iKNOW Politics: Est-ce que cette perception de la femme en politique se traduit dans la promotion des droits de la femme en RDC?
Nous nous organisons au parti pour faire des séminaires tous les trois mois pour l'éveil des femmes, pour les encourager à faire de la politique. Nous sommes soutenues par différents partenaires internationaux. Nous faisons notre possible pour sensibiliser l’opinion sur les droits de la femme.
iKNOW Politics: Quels sont les défis auxquels les femmes en RDC sont-elles confrontées?
Les élections ici sont dominées par la violence, je vous ai déjà raconté tout ce que j’ai subi pour avoir uniquement posé ma candidature. Ce climat de violence dans notre politique repousse les femmes, elles ne sont pas violentes, ce sont les hommes qui utilisent la force physique pour nous intimider.
Vous constatez le nombre de femme dans la salle, aujourd’hui pour assister au lancement d’iKNOW Politics, nous ne pouvons pas reculer, malgré tout ce que les hommes font contre nous. Nous demandons aux femmes d’avoir le courage, le courage pour qu’on atteigne nos objectifs. Mon expérience révolte beaucoup de femmes, mais je leur dis « Mme Thatcher n'est pas morte et même si cela arrivait la lutte doit continuer ». Il faut plus de solidarité entre les femmes.
iKNOW Politics: En parlant de solidarité, avez-vous bénéficiez du soutien des femmes en 2006?
L’ennemi de la femme est la femme. Elles ne m'ont pas beaucoup soutenu seule une partie m'a aidé. Les femmes comprennent de mieux en mieux que les hommes nous maltraitent, ils ne nous considèrent pas, les femmes doivent soutenir celles qui défendent leurs intérêts.
iKNOW Politics: Que pensez-vous des nouvelles technologies et d’iKNOW Politics ?
iKNOW Politics est une bonne initiative, depuis 2008 je suis membre de ce réseau. En « chattant » sur internet, j'ai pu échanger avec Madeleine Albright. Les femmes apprennent et comprennent l'expérience d’autres femmes. Les femmes en RDC ont la soif d’apprendre pour développer leur pays.
iKNOW Politics: Quel conseil aimeriez-vous donner aux jeunes femmes qui s’engagent en politique?
Les jeunes ne doivent pas se décourager, ils sont l’avenir. J’ai toujours pris les jeunes femmes sous mes ails pour les former. Il ne faut pas qu’elles se découragent, elles doivent aller de l'avant. Le mariage et la vie d’épouse n'empêchent pas la vie politique. Il faut bien gérer son foyer, moi je suis grand-mère, j’ai des grands enfants et c'est mon mari qui m'encourage. Il finance même mes voyages pour participer à des formations. Que les jeunes femmes ne se découragent pas, elles doivent rester fermes dans leur engagement politique en préservant une bonne entente dans leur foyer.