Inese Vaidere
« Les gens qui disent du mal du gouvernement et de la classe politique devraient essayer de faire mieux. Ceux qui restent en retrait ne peuvent pas en vouloir à qui que ce soit. J'encourage les gens qui s'en sentent capables et qui n'ont pas peur à se lancer en politique. » - Inese Vaidere
iKNOW Politics: Vous êtes députée au Parlement européen et ancienne ministre du gouvernement letton, mais aussi Adjointe au maire du Conseil municipal de Riga. Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous êtes heurtée à ces postes de responsabilité et quels outils votre formation vous a-t-elle donnés pour relever les défis de la politique?
Je suis en politique en raison de mon expérience professionnelle, puisque je suis économiste et professeur en titre à l'Université de Lettonie, où j'enseigne la finance internationale. Dans les années 90, lorsque les partis politiques lettons se sont saisis de ces questions, on m'a demandé d'élaborer un programme économique pour le parti, bien au fait des enjeux nationaux, mais encore peu armé sur le plan économique. A l'époque de l'Union soviétique, je m'étais juré de ne jamais faire de politique, et j'étais bien résolue à tenir parole. Je voulais continuer d'enseigner à l'université parce que j'adorais ça mais lorsqu'on met un doigt dans l'engrenage, on finit par se faire attraper. Mon nom est apparu pour la première fois sur une liste électorale dans les années 90 mais c'était de la figuration.
J'avais dit mettez-moi si vous voulez, mais je ne veux pas du poste: il était prestigieux d'avoir sur la liste un professeur et docteur en économie. Peu à peu, je suis entrée dans la vie politique; ma première fonction politique a été celle de secrétaire parlementaire au ministère de l'économie pour un sous-ministre de l'économie en charge des affaires parlementaires. Puis, je suis devenue conseillère du premier ministre pour les affaires économiques et politiques. Ensuite, je suis devenue ministre de l'Environnement avant de devenir conseillère de la Présidente de la Lettonie pour les affaires économiques. Par la suite, j'ai été élue au Conseil municipal et suis devenue adjointe au maire pour une brève période. J'ai ensuite été élue au Parlement national et suis devenue présidente de la commission des affaires étrangères, puis j'ai été élue au Parlement européen.
Bien souvent j'aurais voulu être un homme; c'est bien plus facile quand on fait de la politique. D'emblée, pour être prise au sérieux, il faut être au moins deux ou trois fois meilleure que les hommes qui vous côtoient. De plus, les hommes disposent d'une sorte de réseau informel; ils peuvent se rencontrer dans un bar, au restaurant ou dans un sauna. Si je vais au restaurant avec un homme, on va se demander ce qui se passe. Le fait d'être exclue de ce réseau informel est gênant et j'ai bien souvent eu l'impression que je ne pourrais pas réussir parce que je suis une femme. Lorsque je suis devenue ministre, j'ai montré de quoi je suis capable et maintenant, je suis prise au sérieux, je ne ressens plus de différence. Mes compétences pour cette fonction sont désormais reconnues, mais au début, c'était vraiment difficile.
iKNOW Politics: Au cours de votre carrière politique, avez-vous infléchi une orientation politique ou pris une mesure dans l'intérêt des femmes, et votre action continue-t-elle d'avoir de l'effet?
Margaret Thatcher a dit: “Si vous voulez parler de politique, adressez-vous à un homme. Si vous voulez agir, adressez-vous à une femme”. J'ai toujours aimé travailler avec des femmes parce qu'en Lettonie les femmes ont des compétences et une capacité de travail supérieures. Lorsque j'ai dû recruter quelqu'un, et qu'il y avait 40 ou 50 candidats pour le poste, j'ai toujours opté pour les femmes, non pas parce que je suis une femme, mais pour des raisons de qualité. Les femmes ont des exigences salariales plus basses, mais nous sommes prêtes à travailler sérieusement. Les hommes n'ont pas changé (ils restent le chef de famille, celui qui ramène l'argent) mais d'une certaine manière les femmes se débrouillent très bien aussi. Je travaille souvent, dans le cadre de mes différentes fonctions, avec des organisations de femmes. Cette année, j'ai été invitée dans 4 régions en Lettonie pour parler de la présence des femmes en politique parce que nous aurons bientôt des élections. J'ai parlé aux femmes et les ai encouragées à se lancer parce que les décisions politiques doivent être prises à parts égales, puisque les femmes représentent aussi la moitié de l'humanité. Quand une femme pense qu'elle est capable de prendre des décisions, elle doit se lancer. Je pense que ce type de conférence est très utile. Au Parlement letton et au Parlement européen, il existe des groupes de femmes fortement sensibilisées. Cependant, lorsque l'égalité est en jeu, les hommes aussi doivent se battre pour nous. Nous devons nous battre pour nous-mêmes, mais eux aussi doivent nous défendre.
iKNOW Politics: Est-ce que le soutien d'autres femmes, notamment les groupes ou des réseaux de femmes tels que iKNOW Politics, vous a aidé dans votre carrière?
Enormément. Je pense qu'Internet est un excellent outil, car le fait est que certaines choses reviennent aux femmes. Je voudrais bien dire que ma maison est propre, pleine de fleurs, bien arrangée, mais même si j'ai un merveilleux mari qui fait tout, je m'occupe de ces tâches, généralement dévolues aux femmes, pendant le week-end avant de repartir à Bruxelles. Alors, à 1h ou 2h du matin, je me mets en ligne pour consulter toutes ces sources d'information, c'est très utile pour moi. J'ai aussi créé l'an dernier ma propre page web, qui est un excellent outil d'information. Je peux communiquer avec des gens aux quatre coins de la Lettonie et leur parler du Parlement européen, leur parler de mes idées et ils peuvent me poser des questions auxquelles je réponds directement. Je pense qu'Internet est très utile et même qu'il est l'avenir de la politique. Certes, on est vite inondé d'informations, mais les outils de recherche facilitent énormément la tâche. Pour les femmes, il est très important d'obtenir ces informations à propos du Conseil européen et du Parlement européen, cela m'a beaucoup aidée.
iKNOW Politics: Quelle est la situation des femmes en politique aujourd'hui en Lettonie?
Il n'existe pas de mesures spécifiques pour favoriser la présence des femmes en politique, mais les femmes ont beaucoup fait grâce à leur compétence et à leur énergie. Il y a cinq ans, j'étais la seule femme en charge des affaires étrangères, c'était drôle! J'étais présidente de la commission des affaires étrangères du Parlement letton et j'étais la seule femme. Je me souviens d'un parti qui périclitait, puis il a mis une femme à sa tête et aujourd'hui, il se trouve dans une très bonne situation. Je pense que les femmes font du très bon travail mais qu'elles restent sous-représentées. Le Parlement européen a adopté un programme doté de 5 milliards d'euros destiné aux zones rurales, programme dont la priorité est Internet. Je pense que mon pays et 'autres pays doivent s'engager activement dans les projets de cette nature.
iKNOW Politics: Vous avez occupé des postes de responsabilité politique à différents échelons: l'échelon local, l'échelon national et maintenant l'échelon régional. Votre manière d'exercer ces responsabilités a-t-elle évolué au fil des ans?
Je pense que la politique change les gens. Je suis devenue plus forte; j'ai parfois l'impression que l'on perd cette manière féminine d'agir parce que l'on est davantage axé sur les objectifs et que l'on perd en patience. Je suis celle que je suis, et celle que j'étais. Ces responsabilités sont très lourdes et il faut s'endurcir mais je ne crois pas avoir beaucoup changé, je suis toujours restée la même. Mais ces fonctions sont vraiment dures et on vit des expériences négatives, parce qu'aujourd'hui, les gens n'aiment pas beaucoup la politique et il faut savoir gérer ces attitudes négatives. Je suis persuadée d'avoir obtenu d'excellents résultats, mais parfois les gens ont tendance à banaliser notre bilan.
iKNOW Politics: Quel conseil donneriez-vous à un membre de iKNOW Politics ou à une jeune femme qui envisage d'entrer en politique, mais ne sait pas par où commencer?
Je lui conseillerais de ne pas commencer à 18 ans. Il faut d'abord se réaliser sur le plan professionnel: le savoir, la formation et l'expérience sont très importants. Je connais des professionnels de la politique qui ont commencé très jeunes et qui ne sauraient pas quoi faire s'ils n'étaient pas élus. Je crois que le mieux est de commencer par une bonne formation et de l'expérience professionnelle, puis, quand on le sentiment d'avoir un acquis, il faut se lancer en politique. Les gens qui disent du mal du gouvernement et de la classe politique devraient essayer de faire mieux. Ceux qui restent en retrait ne peuvent pas en vouloir à qui que ce soit. J'encourage les gens qui s'en sentent capables et qui n'ont pas peur à se lancer en politique.
« Les gens qui disent du mal du gouvernement et de la classe politique devraient essayer de faire mieux. Ceux qui restent en retrait ne peuvent pas en vouloir à qui que ce soit. J'encourage les gens qui s'en sentent capables et qui n'ont pas peur à se lancer en politique. » - Inese Vaidere
iKNOW Politics: Vous êtes députée au Parlement européen et ancienne ministre du gouvernement letton, mais aussi Adjointe au maire du Conseil municipal de Riga. Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous êtes heurtée à ces postes de responsabilité et quels outils votre formation vous a-t-elle donnés pour relever les défis de la politique?
Je suis en politique en raison de mon expérience professionnelle, puisque je suis économiste et professeur en titre à l'Université de Lettonie, où j'enseigne la finance internationale. Dans les années 90, lorsque les partis politiques lettons se sont saisis de ces questions, on m'a demandé d'élaborer un programme économique pour le parti, bien au fait des enjeux nationaux, mais encore peu armé sur le plan économique. A l'époque de l'Union soviétique, je m'étais juré de ne jamais faire de politique, et j'étais bien résolue à tenir parole. Je voulais continuer d'enseigner à l'université parce que j'adorais ça mais lorsqu'on met un doigt dans l'engrenage, on finit par se faire attraper. Mon nom est apparu pour la première fois sur une liste électorale dans les années 90 mais c'était de la figuration.
J'avais dit mettez-moi si vous voulez, mais je ne veux pas du poste: il était prestigieux d'avoir sur la liste un professeur et docteur en économie. Peu à peu, je suis entrée dans la vie politique; ma première fonction politique a été celle de secrétaire parlementaire au ministère de l'économie pour un sous-ministre de l'économie en charge des affaires parlementaires. Puis, je suis devenue conseillère du premier ministre pour les affaires économiques et politiques. Ensuite, je suis devenue ministre de l'Environnement avant de devenir conseillère de la Présidente de la Lettonie pour les affaires économiques. Par la suite, j'ai été élue au Conseil municipal et suis devenue adjointe au maire pour une brève période. J'ai ensuite été élue au Parlement national et suis devenue présidente de la commission des affaires étrangères, puis j'ai été élue au Parlement européen.
Bien souvent j'aurais voulu être un homme; c'est bien plus facile quand on fait de la politique. D'emblée, pour être prise au sérieux, il faut être au moins deux ou trois fois meilleure que les hommes qui vous côtoient. De plus, les hommes disposent d'une sorte de réseau informel; ils peuvent se rencontrer dans un bar, au restaurant ou dans un sauna. Si je vais au restaurant avec un homme, on va se demander ce qui se passe. Le fait d'être exclue de ce réseau informel est gênant et j'ai bien souvent eu l'impression que je ne pourrais pas réussir parce que je suis une femme. Lorsque je suis devenue ministre, j'ai montré de quoi je suis capable et maintenant, je suis prise au sérieux, je ne ressens plus de différence. Mes compétences pour cette fonction sont désormais reconnues, mais au début, c'était vraiment difficile.
iKNOW Politics: Au cours de votre carrière politique, avez-vous infléchi une orientation politique ou pris une mesure dans l'intérêt des femmes, et votre action continue-t-elle d'avoir de l'effet?
Margaret Thatcher a dit: “Si vous voulez parler de politique, adressez-vous à un homme. Si vous voulez agir, adressez-vous à une femme”. J'ai toujours aimé travailler avec des femmes parce qu'en Lettonie les femmes ont des compétences et une capacité de travail supérieures. Lorsque j'ai dû recruter quelqu'un, et qu'il y avait 40 ou 50 candidats pour le poste, j'ai toujours opté pour les femmes, non pas parce que je suis une femme, mais pour des raisons de qualité. Les femmes ont des exigences salariales plus basses, mais nous sommes prêtes à travailler sérieusement. Les hommes n'ont pas changé (ils restent le chef de famille, celui qui ramène l'argent) mais d'une certaine manière les femmes se débrouillent très bien aussi. Je travaille souvent, dans le cadre de mes différentes fonctions, avec des organisations de femmes. Cette année, j'ai été invitée dans 4 régions en Lettonie pour parler de la présence des femmes en politique parce que nous aurons bientôt des élections. J'ai parlé aux femmes et les ai encouragées à se lancer parce que les décisions politiques doivent être prises à parts égales, puisque les femmes représentent aussi la moitié de l'humanité. Quand une femme pense qu'elle est capable de prendre des décisions, elle doit se lancer. Je pense que ce type de conférence est très utile. Au Parlement letton et au Parlement européen, il existe des groupes de femmes fortement sensibilisées. Cependant, lorsque l'égalité est en jeu, les hommes aussi doivent se battre pour nous. Nous devons nous battre pour nous-mêmes, mais eux aussi doivent nous défendre.
iKNOW Politics: Est-ce que le soutien d'autres femmes, notamment les groupes ou des réseaux de femmes tels que iKNOW Politics, vous a aidé dans votre carrière?
Enormément. Je pense qu'Internet est un excellent outil, car le fait est que certaines choses reviennent aux femmes. Je voudrais bien dire que ma maison est propre, pleine de fleurs, bien arrangée, mais même si j'ai un merveilleux mari qui fait tout, je m'occupe de ces tâches, généralement dévolues aux femmes, pendant le week-end avant de repartir à Bruxelles. Alors, à 1h ou 2h du matin, je me mets en ligne pour consulter toutes ces sources d'information, c'est très utile pour moi. J'ai aussi créé l'an dernier ma propre page web, qui est un excellent outil d'information. Je peux communiquer avec des gens aux quatre coins de la Lettonie et leur parler du Parlement européen, leur parler de mes idées et ils peuvent me poser des questions auxquelles je réponds directement. Je pense qu'Internet est très utile et même qu'il est l'avenir de la politique. Certes, on est vite inondé d'informations, mais les outils de recherche facilitent énormément la tâche. Pour les femmes, il est très important d'obtenir ces informations à propos du Conseil européen et du Parlement européen, cela m'a beaucoup aidée.
iKNOW Politics: Quelle est la situation des femmes en politique aujourd'hui en Lettonie?
Il n'existe pas de mesures spécifiques pour favoriser la présence des femmes en politique, mais les femmes ont beaucoup fait grâce à leur compétence et à leur énergie. Il y a cinq ans, j'étais la seule femme en charge des affaires étrangères, c'était drôle! J'étais présidente de la commission des affaires étrangères du Parlement letton et j'étais la seule femme. Je me souviens d'un parti qui périclitait, puis il a mis une femme à sa tête et aujourd'hui, il se trouve dans une très bonne situation. Je pense que les femmes font du très bon travail mais qu'elles restent sous-représentées. Le Parlement européen a adopté un programme doté de 5 milliards d'euros destiné aux zones rurales, programme dont la priorité est Internet. Je pense que mon pays et 'autres pays doivent s'engager activement dans les projets de cette nature.
iKNOW Politics: Vous avez occupé des postes de responsabilité politique à différents échelons: l'échelon local, l'échelon national et maintenant l'échelon régional. Votre manière d'exercer ces responsabilités a-t-elle évolué au fil des ans?
Je pense que la politique change les gens. Je suis devenue plus forte; j'ai parfois l'impression que l'on perd cette manière féminine d'agir parce que l'on est davantage axé sur les objectifs et que l'on perd en patience. Je suis celle que je suis, et celle que j'étais. Ces responsabilités sont très lourdes et il faut s'endurcir mais je ne crois pas avoir beaucoup changé, je suis toujours restée la même. Mais ces fonctions sont vraiment dures et on vit des expériences négatives, parce qu'aujourd'hui, les gens n'aiment pas beaucoup la politique et il faut savoir gérer ces attitudes négatives. Je suis persuadée d'avoir obtenu d'excellents résultats, mais parfois les gens ont tendance à banaliser notre bilan.
iKNOW Politics: Quel conseil donneriez-vous à un membre de iKNOW Politics ou à une jeune femme qui envisage d'entrer en politique, mais ne sait pas par où commencer?
Je lui conseillerais de ne pas commencer à 18 ans. Il faut d'abord se réaliser sur le plan professionnel: le savoir, la formation et l'expérience sont très importants. Je connais des professionnels de la politique qui ont commencé très jeunes et qui ne sauraient pas quoi faire s'ils n'étaient pas élus. Je crois que le mieux est de commencer par une bonne formation et de l'expérience professionnelle, puis, quand on le sentiment d'avoir un acquis, il faut se lancer en politique. Les gens qui disent du mal du gouvernement et de la classe politique devraient essayer de faire mieux. Ceux qui restent en retrait ne peuvent pas en vouloir à qui que ce soit. J'encourage les gens qui s'en sentent capables et qui n'ont pas peur à se lancer en politique.