Aller au contenu principal

L’atelier d’experts d’iKNOW Politics sur les femmes en politique: Comment surmonter les obstacles a la participation

À la une

Submitted by iKNOW Politics on
Back

L’atelier d’experts d’iKNOW Politics sur les femmes en politique: Comment surmonter les obstacles a la participation

Source:

Le Réseau international de connaissances sur les femmes en politique (iKNOW Politics) a tenu à Oslo, Norvège, un atelier de deux jours sur le thème Les Femmes en politique : comment surmonter les obstacles à la participation. L’atelier a réuni une trentaine de femmes politiques, de militantes et de spécialistes du développement, dont deux expertes d’iKNOW Politics pour chacune des régions du monde. Des représentants de la société civile et du gouvernement norvégiens y assistaient également. iKNOW Politics remercie vivement le Ministère norvégien des affaires étrangères de sa contribution financière, sans laquelle l’atelier n’aurait pas eu lieu.
Les obstacles actuels à la participation des femmes à la vie politique ont été traités dans des réunions-débats, qui ont été suivies d’une réflexion sur l’expérience norvégienne. Le personnel d’iKNOW Politics a fait l’inventaire des obstacles évoqués sur le site Web par les membres et experts d’iKNOW Politics dans les cercles et forums de discussion. Parmi les plus fréquemment cités, mentionnons : • Le manque d’argent : les lois régissant le financement des partis ne suffisent pas à régler le problème; les femmes manquent de compétences en matière de collecte de fonds et n’ont que de rares relations avec des entreprises et d’autres sources de fonds;• Le manque de temps : les femmes continuent d’assumer la plus grande partie des responsabilités familiales et ménagères alors qu’une carrière politique implique de longues journées de travail, des réunions tard le soir et des voyages fréquents;• Les structures des partis politiques : de nombreux partis politiques n’ont pas de « service d’accueil » pour les femmes et d’autres groupes exclus; les femmes se voient souvent confier des responsabilités symboliques qui ne leur confèrent aucun pouvoir réel dans la hiérarchie du parti; les hommes ont souvent la part du lion parmi les candidats et dans les listes des partis;• L’exclusion des réseaux politiques informels : les hommes qui cherchent à entrer en politique ont souvent plusieurs réseaux informels sur lesquels s’appuyer. Or, ces réseaux ont souvent exclu les femmes, qui ne disposent pas de relations équivalentes pour s’entraider. Sur quels espaces publics peuvent-elles compter pour faciliter leur entrée en politique ? On trouvera ci-dessous le résumé des discussions et des recommandations de chacune des six réunions-débats. I. Réunion-débat sur la collecte de fonds pour les femmes en politique : suites du forum de discussion électronique d’iKNOW Politics Oslo Workshop La séance sur la collecte de fonds pour les femmes en politique a fait suite au forum de discussion sur le financement des femmes en politique organisé par iKNOW Politics du 22 au 29 octobre 2008. Ce forum électronique a soulevé des questions multiples sur les cinq sujets suivants : les stratégies de collecte de fonds pour les candidates; les lois régissant le financement de la participation des femmes à la vie politique; le rôle des partis politiques; l’indépendance financière des femmes et leur accès aux fonctions publiques; et la place des femmes dans les pouvoirs publics locaux et les élections locales. Au cours de cette semaine de discussion, iKNOW Politics a reçu 38 commentaires de membres et d’experts de plus de 15 pays, dont l’Argentine, la Bolivie, la Colombie, la République dominicaine, l’Equateur, le Panama, le Pérou, les Etats-Unis, le Kirghizistan, l’Egypte, le Kenya, le Canada, la République tchèque, le Maroc et la Sierra Leone.Prolongeant la discussion électronique, les participants à l’atelier ont souligné l’importance de la collecte de fonds dans les campagnes politiques et les difficultés particulières qu’éprouvent les femmes dans ce domaine. Plusieurs expertes ont évoqué la nécessité de créer des réseaux spécifiquement pour les femmes, qui les aident à avancer en politique à tous les niveaux et lèvent des fonds pour leurs campagnes. Ces réseaux permettraient aussi aux femmes de nouer des relations entre elles et avec les hommes prêts à les soutenir. Parmi les principaux problèmes, les expertes ont mentionné l’augmentation des coûts des campagnes, qui fait de leur financement un enjeu important, non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes. Cependant, toutes ont été unanimes à penser que les femmes ont plus de peine à lever des sommes importantes pour leurs campagnes et peuvent rarement rivaliser avec leurs homologues masculins. Elles ont relevé la répartition inégale des deniers publics et des fonds des partis, qui tient à ce que ce sont souvent des hommes qui s’en chargent. Elles ont aussi évoqué les achats de voix, dont la fréquence est en hausse et qui donnent le pouvoir aux dirigeants politiques ayant le plus d’argent, ainsi que les fraudes en matière de financement. Suivent quelques-unes des recommandations formulées lors de la réunion-débat et du forum de discussion électronique d’iKNOW Politics :• Fixer des limites aux dépenses des campagnes politiques et imposer une obligation de transparence en la matière;• Développer la capacité à mobiliser des fonds chez les femmes ayant l’investiture de leur parti ou désignées par lui;• Créer des fonds spéciaux pour les femmes dans les partis politiques;• Introduire des exemptions fiscales pour les dépenses de campagne telles que les coûts de garde des enfants;• Comprendre les motivations des donateurs et cibler certains publics plus sensibles tels que celui des femmes; • Veiller à ce que les femmes puissent être indépendantes financièrement, aient le droit d’être propriétaires et des chances égales d’accéder à l’emploi, de se mettre à leur compte et de créer leur entreprise;• Par des incitations financières, encourager les partis politiques à inscrire les femmes en meilleure place sur leurs listes;• Etablir des liens solides avec les électeurs pour gagner leur confiance et lever des fonds pour les campagnes;• Former des réseaux financiers réunissant des sympathisantes et des électrices pour lever des fonds au plan local;• Construire des communautés qui définissent quels changements elles veulent obtenir en politique. II. Réunion-débat sur les moyens par lesquels la société civile peut promouvoir les femmes en politique Les participants ont estimé que la société civile avait un rôle à jouer et était bien placée pour mobiliser citoyens et organisations autour de grandes questions de société comme la promotion des femmes en politique et dans la vie publique. Ils ont souligné que sa force tenait à sa diversité et à sa capacité à militer pour les questions de son choix. Les expertes ont fait observer que l’obligation de rendre compte était plus forte chez les femmes élues que chez celles de la société civile, et que les organisations féminines, le sachant, devaient exercer des pressions dans un sens constructif. Les participants ont relevé le rôle instrumental joué par la société civile dans la promotion des programmes politiques des femmes et de leurs campagnes aux niveaux local et national. Ils ont fait remarquer par exemple que de nombreuses femmes politiques d’Amérique latine et d’Afrique subsaharienne étaient issues d’organisations et de mouvements féminins. Ce soutien est indispensable en raison du plafond de verre auquel se heurtent les femmes en politique. Parmi les obstacles cités, figurent le rôle traditionnel qui incombe aux femmes de prendre soin de leur entourage, l’incidence de la pauvreté, leur dépendance financière vis-à-vis des hommes de leur famille, leur manque de ressources et de confiance en soi, et certaines formes d’extrémisme religieux qui se propagent et tendent à les exclure de la vie publique. Les participants ont aussi souligné combien il était important que les organisations de la société civile continuent à s’engager sur les questions des femmes et soutiennent celles qui sont prêtes à prendre des risques politiques pour donner un peu de pouvoir à leurs semblables. La société civile peut projeter dans les médias une image positive des femmes politiques et des candidates, les aider à faire campagne dans les communautés locales, mener des campagnes d’éducation auprès des électeurs sur des questions sur lesquelles s’engagent les candidates, etc. Les participants ont fait observer que le mouvement féminin était en perte de vitesse en Europe depuis quelques années. Plusieurs expertes ont émis l’idée que la société civile devait s’employer à créer une masse critique d’électrices conscientes de leurs droits démocratiques et prêtes à faire un usage stratégique de leur bulletin de vote. La « stratégie sandwich », appliquée en Europe centrale et orientale, consiste à faire pression à partir de la base (de la société civile) et à partir du sommet (organisations internationales et organisations féminines européennes). Elle peut inciter les institutions démocratiques à mettre en place des politiques d’égalité des sexes et à promouvoir les femmes en politique. En leur transmettant des connaissances, en leur donnant des compétences et accès à l’information, les organisations de la société civile peuvent aussi permettre aux candidates de progresser vers le pouvoir. Elles peuvent aider les femmes à acquérir suffisamment d’assurance pour pouvoir défendre leurs positions et leur programme politique. En se prononçant en faveur de certaines questions sur lesquelles s’engagent des femmes politiques, les organisations de la société civile peuvent leur faire prendre conscience de leurs capacités et l’importance de leur action. Les expertes présentes à l’atelier ont aussi émis l’idée que les organisations de la société civile, et les organisations féminines en particulier, devaient s’occuper d’organiser des campagnes électorales parallèles. Dans ces actions parallèles, elles peuvent faire office de gardiennes des droits et des libertés des femmes. A ce propos, les expertes ont loué le travail de Mme Asha Elmi Haji du Somaliland, fondatrice d’un sixième clan qui a pris fait et cause pour les besoins et les droits des femmes. Le sixième clan a fait campagne avec succès pour une plus forte présence des femmes en politique et dans la reconstruction après le conflit et pour l’accès à la politique d’une nouvelle génération de femmes en Somalie. De plus, les participants ont souligné l’importance pour les femmes d’unir leurs efforts en vue de l’entrée en politique. Les femmes peuvent se servir des organisations de la société civile et des réseaux auxquels celles-ci leur donnent accès pour nouer des liens et se soutenir mutuellement. Suivent quelques recommandations formulées lors de la réunion-débat :• Choisir, pour promouvoir la participation des femmes en politique, des stratégies et des démarches adaptées à la situation locale;• Préparer les femmes à l’exercice du pouvoir par des sessions de formation qui développent les compétences et les connaissances des candidates et de celles qui aspirent à la vie politique;• Favoriser le développement d’une société civile dynamique et coordonnée, menant une action volontariste pour promouvoir les questions féminines;• Donner aux femmes parlementaires ou élues à d’autres fonctions l’envie de se faire les porte-parole des mouvements féminins et des organisations féminines;• Faire des femmes dirigeantes les héroïnes d’histoires que l’on fera largement connaître dans leurs pays et communautés;• La communauté internationale continuera de faire pression en faveur des politiques de parité et de promotion des femmes en politique; • Se servir des organisations de la société civile pour contrôler les politiques publiques; • Faire en sorte que les organisations de la société civile participent aux sessions de formation dans lesquelles les femmes apprennent à mener des campagnes électorales parallèles, et les aident dans l’organisation de ces campagnes;• Il devrait y avoir un va-et-vient constant des femmes entre la société civile et les fonctions politiques électives afin de maintenir un dialogue constant et une compréhension mutuelle entre ces deux sphères. III. Réunion-débat sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privéeLes expertes ont souligné l’importance pour les femmes qui poursuivent une carrière, surtout politique, de trouver un juste équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée. Elles ont signalé que les femmes en politique devaient voyager beaucoup pour rencontrer leurs électeurs, s’attendre à de longues journées de travail, assumer de nombreuses responsabilités, assister tard le soir à des réunions ou aux séances parlementaires, etc. Les femmes qui exercent des fonctions publiques sont censées ne pas avoir de vie privée. Les médias trouvent normal de les appeler chez elles le dimanche tard dans la soirée et de se livrer à une véritable enquête sur leur vie privée. Beaucoup de femmes en politique mettent aussi en péril leur sécurité et celle de leur famille. Dans certains pays d’Afrique, par exemple, elles sont en butte à des humiliations et à des violences physiques. Tout cela décourage les femmes d’entrer en politique, en particulier les jeunes dans les sociétés très machistes. Selon une enquête de l’Union interparlementaire (UIP), plus de 60 % des femmes parlementaires interrogées avaient plus de 50 ans.Plusieurs participantes ayant fait de la politique ont parlé du sentiment qu’ont les femmes en politique de devoir prouver qu’elles sont aussi bonnes, sinon meilleures, que leurs collègues masculins. Cela vaut pour toutes les femmes, pas seulement celles qui ont de jeunes enfants. En fait, une jeune femme parlementaire sans enfant a fait remarquer que les autres femmes attendaient d’elle qu’elle en fasse davantage pour que ses collègues mères de famille puissent rentrer chez elles et s’occuper de leurs enfants. Il a été relevé aussi que dans de nombreux pays, la difficulté de concilier vie professionnelle et responsabilités familiales est liée à la classe sociale : en effet, les femmes des classes supérieures, qui ont l’habitude de confier à d’autres la gestion du ménage, ont moins de peine à s’adapter. Les expertes ont fait remarquer que, quelles que soient leurs origines sociales, les femmes assument trop de responsabilités et ont de la peine à dire non. Une participante a eu cette formule qui résume bien la situation : « si vous voulez faire de la politique, il faut accepter que quelqu’un d’autre lave par terre chez vous ». Suivent quelques recommandations formulées pendant la réunion-débat :• Mieux organiser les horaires des séances au parlement;• Réduire le nombre des séances parlementaires de nuit ou des réunions du parti ayant lieu tard le soir;• Revoir les règles régissant le travail du parlement, des institutions gouvernementales et des partis en fonction de la présence de femmes en leur sein; • Créer des postes budgétaires dans les parlements pour que les parlementaires puissent trouver des solutions flexibles au problème de la garde de leurs enfants;• Réviser dans le sens de la parité les lois relatives à la famille et à la garde des enfants, afin que les droits et les devoirs soient équitablement partagés entre hommes et femmes, y compris le droit au congé parental;• Consulter les hommes sur la manière de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour eux et pour les femmes; • Amener les hommes à assumer leur part des responsabilités domestiques et à les inscrire dans un emploi du temps régulier;• Les femmes ne devraient pas avoir peur ni honte de demander de l’aide quand elles en ont besoin, même pour les tâches ménagères. IV. Réunion-débat sur le rôle des partis dans la promotion des femmes en politique Les participants ont reconnu que l’accès aux élections dans les sociétés démocratiques passait par les partis politiques et que l’une des mesures les plus importantes qu’ils pouvaient prendre pour accroître la participation des femmes à la vie politique était d’inscrire des femmes sur leurs listes de candidats. Les facteurs qui les retiennent de présenter des femmes sont : le manque de ressources, en particulier financières, qui empêche les femmes de se porter candidates; le manque de relations susceptibles de soutenir les candidates et les femmes politiques; un manque de volonté politique; le peu d’importance qu’ils accordent à l’électorat féminin; le manque d’assurance des femmes qui n’osent pas se mesurer avec leurs collègues masculins; et le manque de stratégies à long terme. De plus, différents types de systèmes électoraux, tels que le scrutin majoritaire à un tour, peuvent dissuader les partis de présenter plus de femmes, même lorsqu’il existe une volonté politique au sommet.De l’avis des expertes, les femmes doivent se constituer un réseau de relations et le cultiver même après leur élection. Cela les aidera non seulement à gagner l’élection, mais aussi à se fair
réélire et à ouvrir l’accès de ces réseaux à de nouvelles venues. Les groupes de femmes parlementaires et les sections féminines des partis politiques ont été cités parmi les plus importants réseaux sur lesquels les femmes parlementaires peuvent compter pour faire accepter leur programme politique et nouer des alliances. Les participants ont été unanimes aussi sur la nécessité de dispenser une formation aux femmes et aux partis politiques. Les femmes devraient suivre une formation qui les aide à acquérir les savoir-faire dont elles ont besoin, parler en public par exemple, acquérir de l’assurance, travailler avec les médias, etc. Nombre de participantes ont dit que les femmes devaient cesser de considérer les autres comme des rivales et ont dénoncé la tendance de certaines à « remonter l’échelle » lorsqu’elles sont parvenues au sommet. Il faudrait plutôt encourager les femmes en politique à devenir des modèles pour celles qui essaient d’y entrer. Elles ont aussi relevé le problème de l’occupation des postes : les hommes occupent les postes de pouvoir et s’y maintiennent et les femmes doivent se battre et se frayer un chemin au travers d’institutions et de traditions essentiellement masculines pour obtenir ces postes. Suivent quelques-unes des recommandations formulées :• Introduire des quotas à l’intérieur des partis politiques et dans les lois électorales et les appliquer;• Former des sections féminines dans les partis politiques et les doter d’un budget autonome pour associer les femmes à la prise de décision au sein des partis;• Abaisser les cotisations pour les femmes membres; • Accorder des bourses aux femmes pour qu’elles puissent participer à des sessions de formation et à des réunions politiques;• Appliquer le principe de la parité au personnel des partis politiques;• Procéder à une répartition égale des ressources entre les hommes et les femmes membres du parti et candidats;• Mettre dans les programmes des partis des éléments susceptibles de séduire les électrices; • Créer dans les partis politiques une culture favorable aux femmes en s’employant à promouvoir des structures de parti ouvertes à tous;• Promouvoir les femmes à des sièges qu’elles peuvent gagner;• Éviter les gestes symboliques et le paternalisme lors de la désignation des candidates; • Voir dans les dirigeantes politiques un capital politique et s’en servir pour promouvoir d’autres femmes en politique;• Créer des sièges réservés aux femmes dans les parlements et avoir de courtes listes constituées uniquement de femmes;• Dans les systèmes de scrutin majoritaire à un tour, exiger la désignation de femmes qui font le poids avant de convoquer une réunion qui confiera à un conseil local le soin de recruter des femmes;• Les femmes siégeant dans les conseils locaux devraient aider d’autres femmes à se faire élire;• Réunir femmes et hommes pour discuter et expliquer les droits de vote et le système de vote dans le pays;• Instaurer un dialogue entre partis politiques et mouvements féminins. V. Réunion-débat sur les femmes et les réseaux informelsLes participants ont reconnu l’importance que revêtent les réseaux informels pour la promotion des femmes en politique et dans la vie publique. Les panélistes ont expliqué que les réseaux informels pouvaient s’organiser autour de liens de parenté, d’échanges d’informations, des affaires, de la religion ou de l’appartenance à un parti. Les difficultés qu’ont les femmes à entrer dans ces réseaux et à rester en contact avec eux tiennent au manque de temps, à l’argent, à la culture, et au manque d’informations. Les participantes ont aussi relevé que les réseaux existants étaient essentiellement masculins et que les femmes n’y étaient pas admises sur un pied d’égalité avec les hommes. Les techniques de domination et d’exclusion utilisées consistent à rendre les femmes invisibles, à ne pas leur communiquer certaines informations, à leur faire honte et à les ridiculiser. Ainsi exclues, les femmes n’ont aucune chance de nouer des relations avec ces réseaux ou d’y accéder par la suite. Les participantes ont aussi expliqué que les femmes étaient prises au piège, obligées de se battre contre des valeurs et une culture qui avaient cours avant leur arrivée et auxquelles les considérations de parité ou d’égalité entre hommes et femmes étaient étrangères. Les expertes ont aussi évoqué l’importance d’établir des relations entre les réseaux informels et les organisations de la société civile militant pour la promotion des femmes en politique. Les réseaux seraient ainsi soumis à des pressions extérieures pour associer des femmes à leurs activités et partager avec elles certaines des ressources disponibles. Comment aider les femmes à établir des relations entre elles et avec des organisations extérieures ? Telle a été la grande question discutée par les participants. Ils ont constaté que si de nombreuses femmes travaillaient en réseau pour des tâches précises, collecter des fonds par exemple ou faire campagne pour telle ou telle réforme politique, les hommes le faisaient pour établir des relations durables. Les expertes ont aussi fait remarquer que les réseaux féminins étaient souvent perçus comme menaçants alors que les réseaux masculins en place étaient acceptés comme la norme. Selon elles, il ne faut pas partir de l’hypothèse que les réseaux informels, tels que les réseaux religieux, sont complètement dominés par les hommes simplement parce que la façade publique est uniquement masculine. L’exemple des Sœurs musulmanes d’Egypte montre qu’il y a souvent dans ces réseaux d’importants mouvements sociaux qui militent pour le changement mais qu’il n’en paraît rien à l’extérieur. Suivent quelques-unes des recommandations formulées :• Établir des relations de travail entre des réseaux féminins informels et des organisations de la société civile militant pour la promotion des femmes en politique; • Ne pas rejeter d’emblée les espaces publics non traditionnels où les femmes se battent pour leurs droits, tel que l’espace public religieux;• Construire les réseaux de femmes autour d’un problème commun;• Mobiliser ressources et électeurs par des réseaux et des actions communautaires spontanés;• Mettre en relations des femmes déjà en politique et des femmes entrant en politique pour qu’elles nouent des alliances entre elles;• Créer des conditions favorables à la création par les femmes de réseaux féminins.VI. Table ronde sur l’expérience norvégienne Les panélistes, qui représentaient des institutions gouvernementales, la société civile et des partis politiques norvégiens, ont reconnu les succès enregistrés par la Norvège dans la défense des droits des femmes en politique. Ils ont expliqué que, grâce au militantisme politique des femmes, il avait été possible au début des années 1970 d’améliorer les horaires de travail des femmes, de subventionner la garde des enfants et d’instaurer une relative égalité des salaires. Sur les sept grands partis politiques de Norvège, quatre ont une femme pour chef de parti et deux une femme pour chef de groupe parlementaire. Cependant, la Norvège n’ignore pas qu’il y a encore place pour des améliorations, en particulier dans le secteur privé. Les panélistes ont souligné que les Norvégiens croyaient à la mobilisation des masses et au militantisme pour obtenir des droits pour les femmes et instaurer l’égalité entre hommes et femmes. Ils ont plaidé aussi pour la poursuite des relations entre les organisations de la société civile, les institutions gouvernementales et les mouvements féminins et pour le maintien des questions féminines à l’ordre du jour. Les participants à l’atelier ont aussi reconnu le rôle unique de socialisation joué par le système de l’éducation en Norvège, et dans les pays nordiques en général. Les manuels scolaires, par exemple, contiennent des informations sur l’égalité entre hommes et femmes et sur les droits des femmes et inculquent ainsi très tôt les valeurs de l’égalité aux enfants. De plus, la Norvège ayant été moins touchée que d’autres pays par la Seconde Guerre mondiale, beaucoup plus de femmes ont pu faire des études juste après la guerre, ce qui a leur permis de jouer un rôle actif dans les mouvements civils. Il a été noté aussi que de nombreuses réalisations avaient été possibles grâce à la politique de l’intégration et de la transparence qu’avait déjà la Norvège avant que des groupes de femmes ne commencent à faire campagne. Les panélistes ont reconnu que la participation des femmes immigrées à la vie politique et à la vie publique laissait à désirer, que cette carence était manifeste depuis dix ans et que ce problème nouveau devait faire l’objet d’une attention immédiate. Ils ont aussi discuté des moyens de préserver la mémoire de la lutte des femmes norvégiennes pour l’égalité et de transmettre cette connaissance historique à la génération suivante. Suivent quelques-unes des recommandations formulées : • Introduire un cours sur l’histoire des femmes dans les universités;• Mener des campagnes publiques qui ciblent les jeunes;• Engager la société civile à mettre en œuvre des programmes et des projets pour perpétuer cette mémoire. Liste des participantsAmbassadeur Frederik Arthur, Ministère norvégien des affaires étrangères, Norvège Anita Vandenbeld, chef de projet à iKNOW Politics, NorvègeAnne Havnor, Ministère norvégien des affaires étrangères, NorvègeAudrey McLaughlin, experte d’iKNOW Politics, CanadaBahar Salimova, chercheuse du réseau d’iKNOW Politics, Etats-UnisBeate Gangaas, médiatrice pour les questions d’égalité et de discrimination, NorvègeBeatriz Llanos, experte d’iKNOW Politics, Pérou Bjoern Foerde, Centre d’Oslo pour la gouvernance, NorvègeDiane Sheinberg, Comité directeur d’iKNOW Politics, PNUD, Etats-UnisGro Lindstad, Comité directeur d’iKNOW Politics, UNIFEM, Etats-UnisHege Hero, experte d’iKNOW Politics, NorvègeIne Marie Erikssen Soreide, parlementaire, NorvègeJulie Ballington, Comité directeur d’iKNOW Politics, Union interparlementaire (UIP), SuisseKevin Devaux, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Etats-UnisKjell Erik Oie, Secrétaire d’Etat à l’enfance et à l’égalité, NorvègeKristin Haffert, Comité directeur d’iKNOW Politics, National Democratic Institute, Etats-UnisLiv Bremer, Norwegian People's Aid (Aide populaire norvégienne), NorvègeLiv Kristensen, Ministère norvégien des affaires étrangères, NorvègeMireya Reith, Comité directeur d’iKNOW Politics, National Democratic Institute, Etats-Unis Niki Johnson, experte d’iKNOW Politics, UruguayNkoyo Toyo, experte d’iKNOW Politics, NigériaNoha El Mikawy, Centre d’Oslo pour la gouvernance, NorvègePaavani Reddy, Centre d’Oslo pour la gouvernance, NorvègePiyoo Kochar, animatrice du réseau d’iKNOW Politics, Etats-Unis Rossana Andia, coordonnatrice régionale du réseau d’iKNOW Politics, PérouRumbidzai Kandawasvika-Nhundu, Comité directeur d’iKNOW Politics, International Institute for Democracy and Electoral Assistance (Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale) (International IDEA), StockholmSalvator Nkurunziza, Volontaires des Nations Unies, AllemagneSeida Greiss, parlementaire, EgypteSilvia Ordonez, experte d’iKNOW Politics, PhilippinesSonja Lokar, experte d’iKNOW Politics, SlovénieToiko Kleppe, FoKUS, NorvègeTorild Skard, ancienne parlementaire et Présidente de la Chambre haute, NorvègeUrsula Gellis, IKFF Norge, Norvège

Informations

Le Réseau international de connaissances sur les femmes en politique (iKNOW Politics) a tenu à Oslo, Norvège, un atelier de deux jours sur le thème Les Femmes en politique : comment surmonter les obstacles à la participation. L’atelier a réuni une trentaine de femmes politiques, de militantes et de spécialistes du développement, dont deux expertes d’iKNOW Politics pour chacune des régions du monde. Des représentants de la société civile et du gouvernement norvégiens y assistaient également. iKNOW Politics remercie vivement le Ministère norvégien des affaires étrangères de sa contribution financière, sans laquelle l’atelier n’aurait pas eu lieu.
Les obstacles actuels à la participation des femmes à la vie politique ont été traités dans des réunions-débats, qui ont été suivies d’une réflexion sur l’expérience norvégienne. Le personnel d’iKNOW Politics a fait l’inventaire des obstacles évoqués sur le site Web par les membres et experts d’iKNOW Politics dans les cercles et forums de discussion. Parmi les plus fréquemment cités, mentionnons : • Le manque d’argent : les lois régissant le financement des partis ne suffisent pas à régler le problème; les femmes manquent de compétences en matière de collecte de fonds et n’ont que de rares relations avec des entreprises et d’autres sources de fonds;• Le manque de temps : les femmes continuent d’assumer la plus grande partie des responsabilités familiales et ménagères alors qu’une carrière politique implique de longues journées de travail, des réunions tard le soir et des voyages fréquents;• Les structures des partis politiques : de nombreux partis politiques n’ont pas de « service d’accueil » pour les femmes et d’autres groupes exclus; les femmes se voient souvent confier des responsabilités symboliques qui ne leur confèrent aucun pouvoir réel dans la hiérarchie du parti; les hommes ont souvent la part du lion parmi les candidats et dans les listes des partis;• L’exclusion des réseaux politiques informels : les hommes qui cherchent à entrer en politique ont souvent plusieurs réseaux informels sur lesquels s’appuyer. Or, ces réseaux ont souvent exclu les femmes, qui ne disposent pas de relations équivalentes pour s’entraider. Sur quels espaces publics peuvent-elles compter pour faciliter leur entrée en politique ? On trouvera ci-dessous le résumé des discussions et des recommandations de chacune des six réunions-débats. I. Réunion-débat sur la collecte de fonds pour les femmes en politique : suites du forum de discussion électronique d’iKNOW Politics Oslo Workshop La séance sur la collecte de fonds pour les femmes en politique a fait suite au forum de discussion sur le financement des femmes en politique organisé par iKNOW Politics du 22 au 29 octobre 2008. Ce forum électronique a soulevé des questions multiples sur les cinq sujets suivants : les stratégies de collecte de fonds pour les candidates; les lois régissant le financement de la participation des femmes à la vie politique; le rôle des partis politiques; l’indépendance financière des femmes et leur accès aux fonctions publiques; et la place des femmes dans les pouvoirs publics locaux et les élections locales. Au cours de cette semaine de discussion, iKNOW Politics a reçu 38 commentaires de membres et d’experts de plus de 15 pays, dont l’Argentine, la Bolivie, la Colombie, la République dominicaine, l’Equateur, le Panama, le Pérou, les Etats-Unis, le Kirghizistan, l’Egypte, le Kenya, le Canada, la République tchèque, le Maroc et la Sierra Leone.Prolongeant la discussion électronique, les participants à l’atelier ont souligné l’importance de la collecte de fonds dans les campagnes politiques et les difficultés particulières qu’éprouvent les femmes dans ce domaine. Plusieurs expertes ont évoqué la nécessité de créer des réseaux spécifiquement pour les femmes, qui les aident à avancer en politique à tous les niveaux et lèvent des fonds pour leurs campagnes. Ces réseaux permettraient aussi aux femmes de nouer des relations entre elles et avec les hommes prêts à les soutenir. Parmi les principaux problèmes, les expertes ont mentionné l’augmentation des coûts des campagnes, qui fait de leur financement un enjeu important, non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes. Cependant, toutes ont été unanimes à penser que les femmes ont plus de peine à lever des sommes importantes pour leurs campagnes et peuvent rarement rivaliser avec leurs homologues masculins. Elles ont relevé la répartition inégale des deniers publics et des fonds des partis, qui tient à ce que ce sont souvent des hommes qui s’en chargent. Elles ont aussi évoqué les achats de voix, dont la fréquence est en hausse et qui donnent le pouvoir aux dirigeants politiques ayant le plus d’argent, ainsi que les fraudes en matière de financement. Suivent quelques-unes des recommandations formulées lors de la réunion-débat et du forum de discussion électronique d’iKNOW Politics :• Fixer des limites aux dépenses des campagnes politiques et imposer une obligation de transparence en la matière;• Développer la capacité à mobiliser des fonds chez les femmes ayant l’investiture de leur parti ou désignées par lui;• Créer des fonds spéciaux pour les femmes dans les partis politiques;• Introduire des exemptions fiscales pour les dépenses de campagne telles que les coûts de garde des enfants;• Comprendre les motivations des donateurs et cibler certains publics plus sensibles tels que celui des femmes; • Veiller à ce que les femmes puissent être indépendantes financièrement, aient le droit d’être propriétaires et des chances égales d’accéder à l’emploi, de se mettre à leur compte et de créer leur entreprise;• Par des incitations financières, encourager les partis politiques à inscrire les femmes en meilleure place sur leurs listes;• Etablir des liens solides avec les électeurs pour gagner leur confiance et lever des fonds pour les campagnes;• Former des réseaux financiers réunissant des sympathisantes et des électrices pour lever des fonds au plan local;• Construire des communautés qui définissent quels changements elles veulent obtenir en politique. II. Réunion-débat sur les moyens par lesquels la société civile peut promouvoir les femmes en politique Les participants ont estimé que la société civile avait un rôle à jouer et était bien placée pour mobiliser citoyens et organisations autour de grandes questions de société comme la promotion des femmes en politique et dans la vie publique. Ils ont souligné que sa force tenait à sa diversité et à sa capacité à militer pour les questions de son choix. Les expertes ont fait observer que l’obligation de rendre compte était plus forte chez les femmes élues que chez celles de la société civile, et que les organisations féminines, le sachant, devaient exercer des pressions dans un sens constructif. Les participants ont relevé le rôle instrumental joué par la société civile dans la promotion des programmes politiques des femmes et de leurs campagnes aux niveaux local et national. Ils ont fait remarquer par exemple que de nombreuses femmes politiques d’Amérique latine et d’Afrique subsaharienne étaient issues d’organisations et de mouvements féminins. Ce soutien est indispensable en raison du plafond de verre auquel se heurtent les femmes en politique. Parmi les obstacles cités, figurent le rôle traditionnel qui incombe aux femmes de prendre soin de leur entourage, l’incidence de la pauvreté, leur dépendance financière vis-à-vis des hommes de leur famille, leur manque de ressources et de confiance en soi, et certaines formes d’extrémisme religieux qui se propagent et tendent à les exclure de la vie publique. Les participants ont aussi souligné combien il était important que les organisations de la société civile continuent à s’engager sur les questions des femmes et soutiennent celles qui sont prêtes à prendre des risques politiques pour donner un peu de pouvoir à leurs semblables. La société civile peut projeter dans les médias une image positive des femmes politiques et des candidates, les aider à faire campagne dans les communautés locales, mener des campagnes d’éducation auprès des électeurs sur des questions sur lesquelles s’engagent les candidates, etc. Les participants ont fait observer que le mouvement féminin était en perte de vitesse en Europe depuis quelques années. Plusieurs expertes ont émis l’idée que la société civile devait s’employer à créer une masse critique d’électrices conscientes de leurs droits démocratiques et prêtes à faire un usage stratégique de leur bulletin de vote. La « stratégie sandwich », appliquée en Europe centrale et orientale, consiste à faire pression à partir de la base (de la société civile) et à partir du sommet (organisations internationales et organisations féminines européennes). Elle peut inciter les institutions démocratiques à mettre en place des politiques d’égalité des sexes et à promouvoir les femmes en politique. En leur transmettant des connaissances, en leur donnant des compétences et accès à l’information, les organisations de la société civile peuvent aussi permettre aux candidates de progresser vers le pouvoir. Elles peuvent aider les femmes à acquérir suffisamment d’assurance pour pouvoir défendre leurs positions et leur programme politique. En se prononçant en faveur de certaines questions sur lesquelles s’engagent des femmes politiques, les organisations de la société civile peuvent leur faire prendre conscience de leurs capacités et l’importance de leur action. Les expertes présentes à l’atelier ont aussi émis l’idée que les organisations de la société civile, et les organisations féminines en particulier, devaient s’occuper d’organiser des campagnes électorales parallèles. Dans ces actions parallèles, elles peuvent faire office de gardiennes des droits et des libertés des femmes. A ce propos, les expertes ont loué le travail de Mme Asha Elmi Haji du Somaliland, fondatrice d’un sixième clan qui a pris fait et cause pour les besoins et les droits des femmes. Le sixième clan a fait campagne avec succès pour une plus forte présence des femmes en politique et dans la reconstruction après le conflit et pour l’accès à la politique d’une nouvelle génération de femmes en Somalie. De plus, les participants ont souligné l’importance pour les femmes d’unir leurs efforts en vue de l’entrée en politique. Les femmes peuvent se servir des organisations de la société civile et des réseaux auxquels celles-ci leur donnent accès pour nouer des liens et se soutenir mutuellement. Suivent quelques recommandations formulées lors de la réunion-débat :• Choisir, pour promouvoir la participation des femmes en politique, des stratégies et des démarches adaptées à la situation locale;• Préparer les femmes à l’exercice du pouvoir par des sessions de formation qui développent les compétences et les connaissances des candidates et de celles qui aspirent à la vie politique;• Favoriser le développement d’une société civile dynamique et coordonnée, menant une action volontariste pour promouvoir les questions féminines;• Donner aux femmes parlementaires ou élues à d’autres fonctions l’envie de se faire les porte-parole des mouvements féminins et des organisations féminines;• Faire des femmes dirigeantes les héroïnes d’histoires que l’on fera largement connaître dans leurs pays et communautés;• La communauté internationale continuera de faire pression en faveur des politiques de parité et de promotion des femmes en politique; • Se servir des organisations de la société civile pour contrôler les politiques publiques; • Faire en sorte que les organisations de la société civile participent aux sessions de formation dans lesquelles les femmes apprennent à mener des campagnes électorales parallèles, et les aident dans l’organisation de ces campagnes;• Il devrait y avoir un va-et-vient constant des femmes entre la société civile et les fonctions politiques électives afin de maintenir un dialogue constant et une compréhension mutuelle entre ces deux sphères. III. Réunion-débat sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privéeLes expertes ont souligné l’importance pour les femmes qui poursuivent une carrière, surtout politique, de trouver un juste équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée. Elles ont signalé que les femmes en politique devaient voyager beaucoup pour rencontrer leurs électeurs, s’attendre à de longues journées de travail, assumer de nombreuses responsabilités, assister tard le soir à des réunions ou aux séances parlementaires, etc. Les femmes qui exercent des fonctions publiques sont censées ne pas avoir de vie privée. Les médias trouvent normal de les appeler chez elles le dimanche tard dans la soirée et de se livrer à une véritable enquête sur leur vie privée. Beaucoup de femmes en politique mettent aussi en péril leur sécurité et celle de leur famille. Dans certains pays d’Afrique, par exemple, elles sont en butte à des humiliations et à des violences physiques. Tout cela décourage les femmes d’entrer en politique, en particulier les jeunes dans les sociétés très machistes. Selon une enquête de l’Union interparlementaire (UIP), plus de 60 % des femmes parlementaires interrogées avaient plus de 50 ans.Plusieurs participantes ayant fait de la politique ont parlé du sentiment qu’ont les femmes en politique de devoir prouver qu’elles sont aussi bonnes, sinon meilleures, que leurs collègues masculins. Cela vaut pour toutes les femmes, pas seulement celles qui ont de jeunes enfants. En fait, une jeune femme parlementaire sans enfant a fait remarquer que les autres femmes attendaient d’elle qu’elle en fasse davantage pour que ses collègues mères de famille puissent rentrer chez elles et s’occuper de leurs enfants. Il a été relevé aussi que dans de nombreux pays, la difficulté de concilier vie professionnelle et responsabilités familiales est liée à la classe sociale : en effet, les femmes des classes supérieures, qui ont l’habitude de confier à d’autres la gestion du ménage, ont moins de peine à s’adapter. Les expertes ont fait remarquer que, quelles que soient leurs origines sociales, les femmes assument trop de responsabilités et ont de la peine à dire non. Une participante a eu cette formule qui résume bien la situation : « si vous voulez faire de la politique, il faut accepter que quelqu’un d’autre lave par terre chez vous ». Suivent quelques recommandations formulées pendant la réunion-débat :• Mieux organiser les horaires des séances au parlement;• Réduire le nombre des séances parlementaires de nuit ou des réunions du parti ayant lieu tard le soir;• Revoir les règles régissant le travail du parlement, des institutions gouvernementales et des partis en fonction de la présence de femmes en leur sein; • Créer des postes budgétaires dans les parlements pour que les parlementaires puissent trouver des solutions flexibles au problème de la garde de leurs enfants;• Réviser dans le sens de la parité les lois relatives à la famille et à la garde des enfants, afin que les droits et les devoirs soient équitablement partagés entre hommes et femmes, y compris le droit au congé parental;• Consulter les hommes sur la manière de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour eux et pour les femmes; • Amener les hommes à assumer leur part des responsabilités domestiques et à les inscrire dans un emploi du temps régulier;• Les femmes ne devraient pas avoir peur ni honte de demander de l’aide quand elles en ont besoin, même pour les tâches ménagères. IV. Réunion-débat sur le rôle des partis dans la promotion des femmes en politique Les participants ont reconnu que l’accès aux élections dans les sociétés démocratiques passait par les partis politiques et que l’une des mesures les plus importantes qu’ils pouvaient prendre pour accroître la participation des femmes à la vie politique était d’inscrire des femmes sur leurs listes de candidats. Les facteurs qui les retiennent de présenter des femmes sont : le manque de ressources, en particulier financières, qui empêche les femmes de se porter candidates; le manque de relations susceptibles de soutenir les candidates et les femmes politiques; un manque de volonté politique; le peu d’importance qu’ils accordent à l’électorat féminin; le manque d’assurance des femmes qui n’osent pas se mesurer avec leurs collègues masculins; et le manque de stratégies à long terme. De plus, différents types de systèmes électoraux, tels que le scrutin majoritaire à un tour, peuvent dissuader les partis de présenter plus de femmes, même lorsqu’il existe une volonté politique au sommet.De l’avis des expertes, les femmes doivent se constituer un réseau de relations et le cultiver même après leur élection. Cela les aidera non seulement à gagner l’élection, mais aussi à se fair
réélire et à ouvrir l’accès de ces réseaux à de nouvelles venues. Les groupes de femmes parlementaires et les sections féminines des partis politiques ont été cités parmi les plus importants réseaux sur lesquels les femmes parlementaires peuvent compter pour faire accepter leur programme politique et nouer des alliances. Les participants ont été unanimes aussi sur la nécessité de dispenser une formation aux femmes et aux partis politiques. Les femmes devraient suivre une formation qui les aide à acquérir les savoir-faire dont elles ont besoin, parler en public par exemple, acquérir de l’assurance, travailler avec les médias, etc. Nombre de participantes ont dit que les femmes devaient cesser de considérer les autres comme des rivales et ont dénoncé la tendance de certaines à « remonter l’échelle » lorsqu’elles sont parvenues au sommet. Il faudrait plutôt encourager les femmes en politique à devenir des modèles pour celles qui essaient d’y entrer. Elles ont aussi relevé le problème de l’occupation des postes : les hommes occupent les postes de pouvoir et s’y maintiennent et les femmes doivent se battre et se frayer un chemin au travers d’institutions et de traditions essentiellement masculines pour obtenir ces postes. Suivent quelques-unes des recommandations formulées :• Introduire des quotas à l’intérieur des partis politiques et dans les lois électorales et les appliquer;• Former des sections féminines dans les partis politiques et les doter d’un budget autonome pour associer les femmes à la prise de décision au sein des partis;• Abaisser les cotisations pour les femmes membres; • Accorder des bourses aux femmes pour qu’elles puissent participer à des sessions de formation et à des réunions politiques;• Appliquer le principe de la parité au personnel des partis politiques;• Procéder à une répartition égale des ressources entre les hommes et les femmes membres du parti et candidats;• Mettre dans les programmes des partis des éléments susceptibles de séduire les électrices; • Créer dans les partis politiques une culture favorable aux femmes en s’employant à promouvoir des structures de parti ouvertes à tous;• Promouvoir les femmes à des sièges qu’elles peuvent gagner;• Éviter les gestes symboliques et le paternalisme lors de la désignation des candidates; • Voir dans les dirigeantes politiques un capital politique et s’en servir pour promouvoir d’autres femmes en politique;• Créer des sièges réservés aux femmes dans les parlements et avoir de courtes listes constituées uniquement de femmes;• Dans les systèmes de scrutin majoritaire à un tour, exiger la désignation de femmes qui font le poids avant de convoquer une réunion qui confiera à un conseil local le soin de recruter des femmes;• Les femmes siégeant dans les conseils locaux devraient aider d’autres femmes à se faire élire;• Réunir femmes et hommes pour discuter et expliquer les droits de vote et le système de vote dans le pays;• Instaurer un dialogue entre partis politiques et mouvements féminins. V. Réunion-débat sur les femmes et les réseaux informelsLes participants ont reconnu l’importance que revêtent les réseaux informels pour la promotion des femmes en politique et dans la vie publique. Les panélistes ont expliqué que les réseaux informels pouvaient s’organiser autour de liens de parenté, d’échanges d’informations, des affaires, de la religion ou de l’appartenance à un parti. Les difficultés qu’ont les femmes à entrer dans ces réseaux et à rester en contact avec eux tiennent au manque de temps, à l’argent, à la culture, et au manque d’informations. Les participantes ont aussi relevé que les réseaux existants étaient essentiellement masculins et que les femmes n’y étaient pas admises sur un pied d’égalité avec les hommes. Les techniques de domination et d’exclusion utilisées consistent à rendre les femmes invisibles, à ne pas leur communiquer certaines informations, à leur faire honte et à les ridiculiser. Ainsi exclues, les femmes n’ont aucune chance de nouer des relations avec ces réseaux ou d’y accéder par la suite. Les participantes ont aussi expliqué que les femmes étaient prises au piège, obligées de se battre contre des valeurs et une culture qui avaient cours avant leur arrivée et auxquelles les considérations de parité ou d’égalité entre hommes et femmes étaient étrangères. Les expertes ont aussi évoqué l’importance d’établir des relations entre les réseaux informels et les organisations de la société civile militant pour la promotion des femmes en politique. Les réseaux seraient ainsi soumis à des pressions extérieures pour associer des femmes à leurs activités et partager avec elles certaines des ressources disponibles. Comment aider les femmes à établir des relations entre elles et avec des organisations extérieures ? Telle a été la grande question discutée par les participants. Ils ont constaté que si de nombreuses femmes travaillaient en réseau pour des tâches précises, collecter des fonds par exemple ou faire campagne pour telle ou telle réforme politique, les hommes le faisaient pour établir des relations durables. Les expertes ont aussi fait remarquer que les réseaux féminins étaient souvent perçus comme menaçants alors que les réseaux masculins en place étaient acceptés comme la norme. Selon elles, il ne faut pas partir de l’hypothèse que les réseaux informels, tels que les réseaux religieux, sont complètement dominés par les hommes simplement parce que la façade publique est uniquement masculine. L’exemple des Sœurs musulmanes d’Egypte montre qu’il y a souvent dans ces réseaux d’importants mouvements sociaux qui militent pour le changement mais qu’il n’en paraît rien à l’extérieur. Suivent quelques-unes des recommandations formulées :• Établir des relations de travail entre des réseaux féminins informels et des organisations de la société civile militant pour la promotion des femmes en politique; • Ne pas rejeter d’emblée les espaces publics non traditionnels où les femmes se battent pour leurs droits, tel que l’espace public religieux;• Construire les réseaux de femmes autour d’un problème commun;• Mobiliser ressources et électeurs par des réseaux et des actions communautaires spontanés;• Mettre en relations des femmes déjà en politique et des femmes entrant en politique pour qu’elles nouent des alliances entre elles;• Créer des conditions favorables à la création par les femmes de réseaux féminins.VI. Table ronde sur l’expérience norvégienne Les panélistes, qui représentaient des institutions gouvernementales, la société civile et des partis politiques norvégiens, ont reconnu les succès enregistrés par la Norvège dans la défense des droits des femmes en politique. Ils ont expliqué que, grâce au militantisme politique des femmes, il avait été possible au début des années 1970 d’améliorer les horaires de travail des femmes, de subventionner la garde des enfants et d’instaurer une relative égalité des salaires. Sur les sept grands partis politiques de Norvège, quatre ont une femme pour chef de parti et deux une femme pour chef de groupe parlementaire. Cependant, la Norvège n’ignore pas qu’il y a encore place pour des améliorations, en particulier dans le secteur privé. Les panélistes ont souligné que les Norvégiens croyaient à la mobilisation des masses et au militantisme pour obtenir des droits pour les femmes et instaurer l’égalité entre hommes et femmes. Ils ont plaidé aussi pour la poursuite des relations entre les organisations de la société civile, les institutions gouvernementales et les mouvements féminins et pour le maintien des questions féminines à l’ordre du jour. Les participants à l’atelier ont aussi reconnu le rôle unique de socialisation joué par le système de l’éducation en Norvège, et dans les pays nordiques en général. Les manuels scolaires, par exemple, contiennent des informations sur l’égalité entre hommes et femmes et sur les droits des femmes et inculquent ainsi très tôt les valeurs de l’égalité aux enfants. De plus, la Norvège ayant été moins touchée que d’autres pays par la Seconde Guerre mondiale, beaucoup plus de femmes ont pu faire des études juste après la guerre, ce qui a leur permis de jouer un rôle actif dans les mouvements civils. Il a été noté aussi que de nombreuses réalisations avaient été possibles grâce à la politique de l’intégration et de la transparence qu’avait déjà la Norvège avant que des groupes de femmes ne commencent à faire campagne. Les panélistes ont reconnu que la participation des femmes immigrées à la vie politique et à la vie publique laissait à désirer, que cette carence était manifeste depuis dix ans et que ce problème nouveau devait faire l’objet d’une attention immédiate. Ils ont aussi discuté des moyens de préserver la mémoire de la lutte des femmes norvégiennes pour l’égalité et de transmettre cette connaissance historique à la génération suivante. Suivent quelques-unes des recommandations formulées : • Introduire un cours sur l’histoire des femmes dans les universités;• Mener des campagnes publiques qui ciblent les jeunes;• Engager la société civile à mettre en œuvre des programmes et des projets pour perpétuer cette mémoire. Liste des participantsAmbassadeur Frederik Arthur, Ministère norvégien des affaires étrangères, Norvège Anita Vandenbeld, chef de projet à iKNOW Politics, NorvègeAnne Havnor, Ministère norvégien des affaires étrangères, NorvègeAudrey McLaughlin, experte d’iKNOW Politics, CanadaBahar Salimova, chercheuse du réseau d’iKNOW Politics, Etats-UnisBeate Gangaas, médiatrice pour les questions d’égalité et de discrimination, NorvègeBeatriz Llanos, experte d’iKNOW Politics, Pérou Bjoern Foerde, Centre d’Oslo pour la gouvernance, NorvègeDiane Sheinberg, Comité directeur d’iKNOW Politics, PNUD, Etats-UnisGro Lindstad, Comité directeur d’iKNOW Politics, UNIFEM, Etats-UnisHege Hero, experte d’iKNOW Politics, NorvègeIne Marie Erikssen Soreide, parlementaire, NorvègeJulie Ballington, Comité directeur d’iKNOW Politics, Union interparlementaire (UIP), SuisseKevin Devaux, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Etats-UnisKjell Erik Oie, Secrétaire d’Etat à l’enfance et à l’égalité, NorvègeKristin Haffert, Comité directeur d’iKNOW Politics, National Democratic Institute, Etats-UnisLiv Bremer, Norwegian People's Aid (Aide populaire norvégienne), NorvègeLiv Kristensen, Ministère norvégien des affaires étrangères, NorvègeMireya Reith, Comité directeur d’iKNOW Politics, National Democratic Institute, Etats-Unis Niki Johnson, experte d’iKNOW Politics, UruguayNkoyo Toyo, experte d’iKNOW Politics, NigériaNoha El Mikawy, Centre d’Oslo pour la gouvernance, NorvègePaavani Reddy, Centre d’Oslo pour la gouvernance, NorvègePiyoo Kochar, animatrice du réseau d’iKNOW Politics, Etats-Unis Rossana Andia, coordonnatrice régionale du réseau d’iKNOW Politics, PérouRumbidzai Kandawasvika-Nhundu, Comité directeur d’iKNOW Politics, International Institute for Democracy and Electoral Assistance (Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale) (International IDEA), StockholmSalvator Nkurunziza, Volontaires des Nations Unies, AllemagneSeida Greiss, parlementaire, EgypteSilvia Ordonez, experte d’iKNOW Politics, PhilippinesSonja Lokar, experte d’iKNOW Politics, SlovénieToiko Kleppe, FoKUS, NorvègeTorild Skard, ancienne parlementaire et Présidente de la Chambre haute, NorvègeUrsula Gellis, IKFF Norge, Norvège

Informations