PARITÉ AU TOGO : militantisme ou opportunisme ?
Dans la perspective des législatives, bien de partenaires se mobilisent pour appuyer les femmes à se présenter massivement comme candidates à ces élections, afin de bénéficier des faveurs de la loi sur la parité annoncée par le chef de l'Etat. L’on ne peut que s'en féliciter tout en déplorant néanmoins que, ces initiatives ne peuvent contribuer à l'enracinement de la démocratie dans notre pays car elles sont prises, sans pour autant compter avec la réalité de la situation sociopolitique, en générale, et celle de marginalisations des partis politiques de l'opposition en particulier.
Il s'agit pour nous en réalité, d'interpeller ces partenaires sur l'épineuse question des moyens financiers, de l'accès aux médias d'Etat, et de la liberté d'expression des militants des partis politiques de l'opposition. Nos réserves sont fondées sur la situation socioprofessionnelle des militants de l'opposition qui ne sont pour la plus part, que des chômeurs, des particuliers et de quelque rares petits fonctionnaires, qui peinent au quotidien à joindre les deux bouts.
Les femmes militantes de l'opposition dans leur majeur partie, sont des commerçantes illettrées et presqu'analphabètes qui sont d'emblée exclues de la course par le code électorale qui exige le minimum de BEPC pour être éligible. Pire encore, toutes les études sur la participation des femmes en politique ont prouvé que celles-ci y sont lésées à cause de leur moyens limités et surtout de leur exposition à la pauvreté; et les femmes togolaises ne dérobent pas à la règle.
Cependant dans le camp au pouvoir, il n'est pas rare de voir ces femmes très aisées soit par leur propre activité soit par celle de leur conjoint se faire hisser comme candidate et gagnante, sans grands efforts de militantisme ni de conviction voire d'objectif politique. Nous assistons alors à deux groupes de femmes en compétions sans intérêts communs. Mais nous pouvons concéder cela sauf que parfois, le déséquilibre des degrés d'instruction et de militantisme ne favorise pas des débats constructifs en vue de l'amélioration des conditions de vie des populations en générale et des femmes en particulier. Il n'est pas rare de constater dans le pays, une absence de débat entre femmes parlementaires de partis opposés durant toute une législature.
Cette situation, dans laquelle les hommes parlent à la place de leur "épouse" à notre avis, rend illégitime les actions des femmes véritablement engagées en politique et dans la lutte pour la démocratisation du pays. S'agissant de l'application stricte de la parité tant souhaitée, il ne serait non plus étonnant de nous retrouver, dans les conditions actuelles, avec des femmes d'un seul camp politique, qui a les moyens d'en recruter, composer une assemblée déjà impaire (91 députés).
La question est alors de s'interroger sur la problématique de la parité au Togo au moment où le jeu politique n'est pas encore équilibré et où les femmes peinent encore à prendre des places dans les instances dirigeantes des partis politiques et où encore l'accès aux médias et aux TICs restent un luxe. En d'autres termes, la parité ne saurait- elle être pour les partenaires des pays en panne de démocratisation un moyen d'y parvenir au lieu de s'en tenir à l'aspect numérique des femmes dans la législature?
Résumé :
Les partenaires du Togo doivent veiller à l'égalité des chances à toutes les femmes politiques du pays aussi bien de l'opposition que des partis au pouvoir afin de légitimer leur action en faveur de la parité en perspective des législatives et locales à venir. Il s'agit d'inciter à l'assainissement du jeu politique et à la transparence des élections et d'aider financièrement et techniquement les femmes. Auquel cas la parité se réduirait en une satisfaction numérique de femmes élues au grand dam de la démocratie