Par Dr Rachel-Claire Okani
Alors que les Maliens œuvrent à renforcer leur jeune démocratie, les femmes de cette nation d’Afrique occidentale qui n’a pas de débouché sur la mer sont encore confrontées à plusieurs obstacles quant à la participation politique. Le mouvement de démocratisation du début des années 1990 a connu la création de nouvelles organisations féminines et la participation des femmes qui ont essayé de mettre au défi le régime militaire inébranlable du Mali.
Cependant, en raison de leur rôle traditionnel de responsables du foyer, on décourage la participation des femmes maliennes à des activités qui les éloignaient de la maison, limitant ainsi le temps qu’elles pourraient consacrer à des engagements politiques. Plusieurs organisations civiques qui travaillent à la promotion de l’égalité des femmes et de leurs droits fondamentaux ont identifié les principaux obstacles à la participation des femmes à la politique.
Parmi ceux- ci, il y a l’absence d’accès aux encouragements dans le domaine de l’éducation, du financement et du juridique, ainsi qu’une culture politique dominée par les hommes. La participation électorale globale lors des élections nationales de 1992 et de 1997 a été faible, particulièrement parmi les femmes.
Une note optimiste, cependant : un plus grand nombre de femmes s’est présenté aux élections à l’Assemblée Nationale aux scrutins de 1997 comparé aux élections législatives qui avaient eu lieu cinq ans auparavant.
En conséquence, dix huit (18) femmes, ce qui représente 8% des 147 membres de la législature, siègent maintenant à l’Assemblée nationale. Ce qui est encore plus positif, c’est la participation des femmes aux élections communales qui ont eu lieu à différents intervalles en 1998 et en 1999. Les scrutins communaux donnent aux femmes l’occasion de faire campagne et d’avoir un poste électif près de chez elles et de leur famille, ce qui peut éventuellement atténuer certains des facteurs qui dissuadent la participation électorale.
De plus, la nature-même des élections communales les rend moins intimidantes pour les femmes politiciennes apprenties qui peuvent ainsi surmonter plus facilement des défis dans un cadre familier et découvrir leurs capacités à avoir une influence positive sur les problèmes de leur communauté immédiate.
Bien que la majorité des femmes qui ont remporté des élections communales représente la coalition du parti au pouvoir, leur présence bien visible en tant que femmes dans le contexte de la structure du pouvoir politique fournit un message convaincant qui dit que les femmes sont à leur place dans la politique au Mali. Un tel modèle professionnel dans une société traditionnelle est susceptible d’inspirer d’autres femmes à organiser des activités civiques dans leur communauté ou à se présenter à des élections communales, ce qui pourrait ouvrir la voie aux femmes pour se présenter à des élections de plus grande envergure lors des scrutins présidentiel et législatif à venir.
En mars 1999, l’Institut Démocratique National (National Democratic Institute, NDI) a lancé un programme pour aider les Maliens à bâtir des institutions stables, bien organisées, reposant sur des bases très variées, qui seraient les fondements d’une société pluraliste et d’une culture civile forte.
Dans le cadre de cet effort, le NDI s’est engagé à promouvoir la participation équitable des femmes à la politique et au gouvernement. Le soutien à une participation accrue des femmes à la direction politique se situe dans la logique du mandat du NDI qui est de renforcer la nature inclusive et le caractère représentatif des institutions démocratiques dans le monde entier.
Le 26 mars 1991, le Mali tourne une page de son histoire suite à un Mouvement démocratique populaire ayant conduit à l’avènement de la IIIème République. Un mouvement dans lequel les femmes maliennes ont joué un rôle de tout premier plan, inédit et surprenant compte tenu de la place jusque-là assignée à celles-ci en politique dans ce pays. La politique ici comme dans la majorité des pays en voie de développement, est en pratique la chasse gardée des hommes. Ils tiennent les femmes à bonne distance et ne leur accordent que des accessits. Comme l’énonce si bien une dame : «Les hommes nous considèrent comme des animatrices de campagne, voire du bétail électoral».
Encore que quelques années auparavant, le Pr Adame Ba Konaré, faisait quasiment le même constat d’«embrigadement politique» : «Au Mali, la question féminine a été kidnappée par les hommes politiques. En effet, les responsables politiques, conscients de la force de mobilisation et du dévouement des femmes pour les causes qu’elles soutiennent, les ont regroupées au sein d’organisations affilées aux différents partis politiques détenteurs des rênes du pouvoir…» (cf. Dictionnaire des femmes célèbres du Mali, p.6).
Ces manœuvres politiciennes étant bien entretenues sinon aggravées par le poids des traditions, la force des habitudes et les résistances culturelles, il n’y a aucune surprise à noter que la représentativité des femmes maliennes dans les cercles du pouvoir en général et particulièrement dans les postes électifs se situent en deçà de 20%. Et pourtant aujourd’hui, les Maliennes affichent une volonté réelle de s’engager plus que par le passé, afin que les hommes ne décident plus à leur place.
Pour améliorer leur sort et corriger à leur profit cet ordre établi ; en un mot sortir de cet état d’injustice, il importe de faire comprendre aux femmes maliennes qu’elles gagneraient davantage à faire de la politique, abstraction faite de leur religion, rang social, niveau d’instruction et lieu de résidence. Ceci implique vis-à-vis d’elles mêmes une introspection et des autres, des habitudes et des réticences à vaincre. Un adage dit ceci : «Il y aura beaucoup d’appelés, mais peu d’élus».
Source: MaliJet
Par Dr Rachel-Claire Okani
Alors que les Maliens œuvrent à renforcer leur jeune démocratie, les femmes de cette nation d’Afrique occidentale qui n’a pas de débouché sur la mer sont encore confrontées à plusieurs obstacles quant à la participation politique. Le mouvement de démocratisation du début des années 1990 a connu la création de nouvelles organisations féminines et la participation des femmes qui ont essayé de mettre au défi le régime militaire inébranlable du Mali.
Cependant, en raison de leur rôle traditionnel de responsables du foyer, on décourage la participation des femmes maliennes à des activités qui les éloignaient de la maison, limitant ainsi le temps qu’elles pourraient consacrer à des engagements politiques. Plusieurs organisations civiques qui travaillent à la promotion de l’égalité des femmes et de leurs droits fondamentaux ont identifié les principaux obstacles à la participation des femmes à la politique.
Parmi ceux- ci, il y a l’absence d’accès aux encouragements dans le domaine de l’éducation, du financement et du juridique, ainsi qu’une culture politique dominée par les hommes. La participation électorale globale lors des élections nationales de 1992 et de 1997 a été faible, particulièrement parmi les femmes.
Une note optimiste, cependant : un plus grand nombre de femmes s’est présenté aux élections à l’Assemblée Nationale aux scrutins de 1997 comparé aux élections législatives qui avaient eu lieu cinq ans auparavant.
En conséquence, dix huit (18) femmes, ce qui représente 8% des 147 membres de la législature, siègent maintenant à l’Assemblée nationale. Ce qui est encore plus positif, c’est la participation des femmes aux élections communales qui ont eu lieu à différents intervalles en 1998 et en 1999. Les scrutins communaux donnent aux femmes l’occasion de faire campagne et d’avoir un poste électif près de chez elles et de leur famille, ce qui peut éventuellement atténuer certains des facteurs qui dissuadent la participation électorale.
De plus, la nature-même des élections communales les rend moins intimidantes pour les femmes politiciennes apprenties qui peuvent ainsi surmonter plus facilement des défis dans un cadre familier et découvrir leurs capacités à avoir une influence positive sur les problèmes de leur communauté immédiate.
Bien que la majorité des femmes qui ont remporté des élections communales représente la coalition du parti au pouvoir, leur présence bien visible en tant que femmes dans le contexte de la structure du pouvoir politique fournit un message convaincant qui dit que les femmes sont à leur place dans la politique au Mali. Un tel modèle professionnel dans une société traditionnelle est susceptible d’inspirer d’autres femmes à organiser des activités civiques dans leur communauté ou à se présenter à des élections communales, ce qui pourrait ouvrir la voie aux femmes pour se présenter à des élections de plus grande envergure lors des scrutins présidentiel et législatif à venir.
En mars 1999, l’Institut Démocratique National (National Democratic Institute, NDI) a lancé un programme pour aider les Maliens à bâtir des institutions stables, bien organisées, reposant sur des bases très variées, qui seraient les fondements d’une société pluraliste et d’une culture civile forte.
Dans le cadre de cet effort, le NDI s’est engagé à promouvoir la participation équitable des femmes à la politique et au gouvernement. Le soutien à une participation accrue des femmes à la direction politique se situe dans la logique du mandat du NDI qui est de renforcer la nature inclusive et le caractère représentatif des institutions démocratiques dans le monde entier.
Le 26 mars 1991, le Mali tourne une page de son histoire suite à un Mouvement démocratique populaire ayant conduit à l’avènement de la IIIème République. Un mouvement dans lequel les femmes maliennes ont joué un rôle de tout premier plan, inédit et surprenant compte tenu de la place jusque-là assignée à celles-ci en politique dans ce pays. La politique ici comme dans la majorité des pays en voie de développement, est en pratique la chasse gardée des hommes. Ils tiennent les femmes à bonne distance et ne leur accordent que des accessits. Comme l’énonce si bien une dame : «Les hommes nous considèrent comme des animatrices de campagne, voire du bétail électoral».
Encore que quelques années auparavant, le Pr Adame Ba Konaré, faisait quasiment le même constat d’«embrigadement politique» : «Au Mali, la question féminine a été kidnappée par les hommes politiques. En effet, les responsables politiques, conscients de la force de mobilisation et du dévouement des femmes pour les causes qu’elles soutiennent, les ont regroupées au sein d’organisations affilées aux différents partis politiques détenteurs des rênes du pouvoir…» (cf. Dictionnaire des femmes célèbres du Mali, p.6).
Ces manœuvres politiciennes étant bien entretenues sinon aggravées par le poids des traditions, la force des habitudes et les résistances culturelles, il n’y a aucune surprise à noter que la représentativité des femmes maliennes dans les cercles du pouvoir en général et particulièrement dans les postes électifs se situent en deçà de 20%. Et pourtant aujourd’hui, les Maliennes affichent une volonté réelle de s’engager plus que par le passé, afin que les hommes ne décident plus à leur place.
Pour améliorer leur sort et corriger à leur profit cet ordre établi ; en un mot sortir de cet état d’injustice, il importe de faire comprendre aux femmes maliennes qu’elles gagneraient davantage à faire de la politique, abstraction faite de leur religion, rang social, niveau d’instruction et lieu de résidence. Ceci implique vis-à-vis d’elles mêmes une introspection et des autres, des habitudes et des réticences à vaincre. Un adage dit ceci : «Il y aura beaucoup d’appelés, mais peu d’élus».
Source: MaliJet